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ECR: une réplique des étudiants universitaires se prépare

Myriam Landreville, directrice d'Avenir ECR
Myriam Landreville, directrice d'Avenir ECR Photo: Josie Desmarais/Métro

Des étudiants au baccalauréat en enseignement de l’éthique et de la culture religieuse sont inquiets par la réforme à venir du cours d’Éthique et culture religieuse (ECR). Ils souhaitent s’organiser afin de faire revenir le gouvernement sur sa décision.

La décision prise par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, de repenser le cours pour la rentrée scolaire 2022 ne se base «sur rien de concret», plaide Myriam Landreville, porte-parole du groupe Avenir ECR, qui sera lancé dans les prochains jours.

Elle même étudiante en enseignement de l’ECR, elle souhaite mettre sur pied une coalition de futurs enseignants pour forcer le gouvernement à les écouter.

«On a créé ce groupe à l’Université de Montréal [UdeM]. On a aussi contacté des étudiants de l’Université du Québec à Montréal [UQAM] pour devenir un plus gros groupe. Et on prévoit aller aux consultations publiques», explique-t-elle.

Le ministère, qui compte rendre un rapport le printemps prochain, prévoit trois forums publics. Avenir ECR compte envoyer dans les prochains jours des lettres au gouvernement pour le sensibiliser «à l’importance que ce cours-là a pour les étudiants».

«Le changement ne nous dérange pas trop. C’est la manière dont il est implanté.» – Myriam Landreville, porte-parole d’Avenir ECR

Appel à la consultation

Les délais accordés à la réforme du cours inquiètent particulièrement Myriam Landreville.

«Ce n’est pas réaliste tellement c’est rapide, analyse l’étudiante de 25 ans. En deux ans, il faut qu’ils produisent du matériel pédagogique, qu’ils forment des enseignants… Ça n’a pas trop de sens.»

Étudiant en enseignement à l’UQAM, Louis Provost craint pour sa part un «cours fourre-tout».

«Si je prends juste l’éducation à la sexualité… Quand je regarde le parcours actuel, aucun enseignant d’aucune discipline ne reçoit les cours adéquats pour l’enseigner», indique-t-il.

Myriam Landreville abonde dans le même sens, surtout que «c’est un cours que beaucoup trouvent inutile».

«Les écoles coupent sans cesse des heures d’ECR. On a de la misère à passer le curriculum qu’on a actuellement»

Le ministre Roberge a fait part de son intérêt d’inclure l’éducation juridique, l’écocitoyenneté et l’éducation à la sexualité au menu du cours d’ECR.

Appelé à changer?

Lui aussi étudiant à l’UDEM, Théo Malo Melançon s’avoue peu surpris de la décision de Québec.

«Je me suis toujours dit en allant dans le cours d’ECR que le cours était appelé à changer», convient-il.

Mis sur pied en 2008, le programme remplaçait les cours de religion et de morale dispensés dans les écoles de la province.

Théo Malo Melançon aurait d’ailleurs préféré une consultation avant la prise de décision.

«J’aurais aimé ça qu’on me pose la question avant l’annonce», ajoute celui qui souhaite enseigner au secondaire.

Problèmes d’avenir

Professeurs aux facultés d’enseignement de l’UdeM et de l’UQAM, Marc-André Éthier et Chantal Bertrand ressentent de profondes inquiétudes chez leurs étudiants.

«C’est un peu décevant si tu viens de faire une formation de quatre ans spécialisée en religion. Puis là, tu finis ton baccalauréat et il y a peu de choses là-dedans que tu pourras mobiliser», convient Mme Bertrand.

Louis Provost s’attend en fait à devoir «se former sur le tas» après sa quatrième année.

«C’est un peu un coup de poignard dans le dos», lance pour sa part M. Éthier. Directeur du programme, il soutient que l’Université fera tout en son possible pour garder le programme en vie, malgré la baisse d’inscriptions anticipée.

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