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Urgences: environ 380 000 patients auraient quitté sans être soignés

L'urgence de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont
Photo: Josie Desmarais/Métro

L’an dernier au Québec, environ 380 000 patients ont quitté les urgences des hôpitaux sans pouvoir être soignés par un médecin – ce qui équivaut à plus de 1000 personnes par jour –, selon une étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM) parue mercredi. Vivement préoccupé, l’organisme somme le gouvernement Legault d’entamer des réformes dès maintenant afin d’éviter le pire.

De ce nombre, un cinquième des patients avaient pourtant été classés comme un cas «très urgent» ou «urgent», démontrent les données de l’organisme obtenues auprès du ministère de la Santé en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics.

«Ça prouve que nos hôpitaux ne sont pas assez productifs, et qu’on manque aussi de médecins, explique le chercheur à l’IEDM, Patrick Déry. Quand on compare avec tous les pays de l’OCDE, on voit clairement que le Québec et le Canada sont très bas dans le classement pour le nombre de médecins.»

La FMOQ pointe vers la pénurie

À la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le directeur des communications Jean-Pierre Dion reconnaît que le milieu de la santé fait face à «plusieurs défis».

«Notre problème, il est multifacettes, donc c’est sûr qu’il y a beaucoup de solutions, explique-t-il à Métro. D’abord, il y a un manque de lits sur les étages des hôpitaux et un manque de place. Puis, il y a aussi une pénurie de médecins et d’infirmiers. C’est surtout ça l’enjeu.»

«Pendant des années, au Québec, les résidents ont surtout choisi la médecine spécialisée. Il faut d’abord valoriser le travail de médecins de famille.» -Jean-Pierre Dion, porte-parole de la FMOQ

Un manque de vision?

Si la congestion dans le système de la santé ne date pas d’hier, elle est surtout le résultat d’un manque de vision, affirme M. Déry. «C’est le résultat de décennies de rationnement, de mauvaises politiques publiques et d’une évolution trop bureaucratique», insiste-t-il.

Le chercheur dénonce entre autres que les médecins québécois soient toujours rémunérés à leur activité, rendant les autres corps de métier du milieu beaucoup trop dépendants. «Si on permet aux infirmières et aux pharmaciens d’en faire plus, déjà, on enlève le goulot d’étranglement autour du médecin. On pourrait rapidement apporter cette modification», avance-t-il.

«Avec le vieillissement de la population, le temps presse dans les hôpitaux. La grosse décennie, c’est la prochaine. Si on ne fait pas de réformes maintenant, ça va faire très mal, surtout pour les populations les plus vulnérables.» -Patrick Déry, chercheur à l’IEDM

Québec «prépare des solutions»

Appelé à réagir, l’attaché de presse au cabinet de la ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Alexandre Lahaie, indique que le gouvernement travaille pour améliorer le service aux patients dans les urgences.

Parmi les mesures à venir pour s’attaquer au problème, M. Lahaie cite le projet de loi sur les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), dont l’étude de chaque article commencera au courant de la présente session parlementaire.

«Les IPS vont être 800 au Québec en juin lors de la diplomation. Si notre projet est adopté, 25% de leur temps va pouvoir servir à voir des patients.» -Alexandre Lahaie, attaché de la ministre Danielle McCann

L’autre projet de loi phare, dit le porte-parole, est celui s’appliquant à l’élargissement des compétences des pharmaciens. Le gouvernement Legault entend notamment leur permettre de vacciner. Mais aussi de faire certaines prescriptions, ou encore de traiter des maladies mineures comme la grippe et le rhume.

Québec souhaiterait aussi se pencher sur la capitation des médecins. «Les médecins ne sont pas encouragés à déléguer des tâches à des IPS, par exemple, parce que s’ils délèguent, ils ne touchent pas d’argent», observe Alexandre Lahaie.

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