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Les activités ferroviaires de Bombardier rachetées par le français Alstom

Bombardier A220
Photo: Archives Métro

Le géant ferroviaire français Alstom a conclu un accord préliminaire avec Bombardier pour lui racheter l’ensemble de ses activités ferroviaires, selon ce qu’a rapporté dimanche le Wall Street Journal (WSJ).

D’après des sources de cette publication spécialisée en économie, la transaction entre les deux entreprises s’élèverait à environ 7 G$ US. Une annonce officielle devrait avoir lieu lundi. Le 13 février dernier, Bombardier avait déjà annoncé qu’il quittait le secteur de l’aviation commerciale.

La Caisse de dépôt et de place du Québec (CDPQ), qui possède actuellement le tiers de la division ferroviaire de Bombardier, aurait accepté de céder ses parts à Alstom, en demeurant toutefois devenir actionnaire de la nouvelle structure mise en place.

Au-delà du rachat en lui-même, la nouvelle constitue une autre offensive d’Alstom «pour prendre de l’ampleur face à la perspective d’une concurrence accrue de la part de l’État chinois avec le China Railroad Rolling Stock Corporation (CRRC), le plus grand fournisseur mondial de services ferroviaires», note le WSJ.

CRRC effectue environ 90% de son chiffre d’affaires en Chine, en faisant l’une des entreprises les plus puissantes au pays.

Une étape et des dettes

Pour Bombardier, cette vente représente aussi une étape charnière de son histoire. Dorénavant, l’entreprise québécoise concentrera principalement ses activités dans le secteur des jets d’affaires surtout dédiés à des clients financièrement aisés.

Des spécialistes rappellent toutefois que de voir Bombardier se départir de sa division ferroviaire n’est pas une surprise. Il y a quelques semaines, déjà, le groupe dirigé par Alain Bellemare disait étudier les options pour accélérer le rythme de son désendettement.

Les pertes financières de l’entreprises sont effectivement de l’ordre de 1,6 G$ en 2019. Sa dette globale frise les 9,5 G$.

Près de chez nous, Bombardier Transports compte environ 1000 travailleurs, surtout dans ses usines à La Pocatière et Saint-Bruno, notamment. Le siège social se situe toutefois en Allemagne, à Berlin.

La CSN somme Québec d’accélérer

Dans une déclaration, dimanche, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a souligné que la «clé de la relance de l’usine de La Pocatière réside en bonne partie dans les mains du gouvernement». Le groupe invite le premier ministre Legault à «accélérer les démarches entourant les nombreux projets de transport collectif» au Québec.

«Il est regrettable d’assister à la déstructuration d’une entreprise bien québécoise, bâtie par des milliers de travailleuses et de travailleurs d’ici. L’important aujourd’hui, c’est que le gouvernement utilise tous les leviers dont il dispose pour maintenir des emplois à La Pocatière.» -Jacques Létourneau, président de la CSN

Les projets de tramway et de prolongement du REM ainsi que la stratégie d’électrification des transports du gouvernement «constituent une excellente occasion», ajoute le leader syndical.

«Les commandes actuelles pour le métro de Montréal se termineront en juin 2021. Le gouvernement peut agir dès maintenant pour assurer l’arrivée de nouveaux projets pour l’usine de La Pocatière et celle qu’Alstom possédait déjà à Sorel. Ce n’est certainement pas la hauteur de nos besoins en matière de transport collectif qui l’en empêchera», note aussi M. Létourneau.

Selon lui, le gouvernement «doit veiller à ce que les opérations d’assemblage du matériel roulant soient effectuées au Québec».

Québec avare de commentaires

Le cabinet du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a indiqué que ce dernier ne commentera pas avant qu’une annonce soit rendue officielle.

Idem pour la CCDPQ, qui a refusé de confirmer l’information et la structure de la transaction. «La Caisse ne commente jamais les rumeurs, ni les occasions de transactions qu’elle pourrait considérer ou ne pas considérer», a répondu par courriel son porte-parole, Maxime Chagnon.

Le président du syndicat des employés de l’usine Bombardier à La Pocatière, Claude Michaud, a également refusé de commenter la transaction, affirmant ne pas en avoir été informé.

Un mariage entre Alstom et Bombardier Transport risque d’être scruté à la loupe par les autorités antitrust, ce qui pourrait retarder la conclusion de la transaction. L’an dernier, les autorités européennes avaient opposé leur veto à l’alliance proposée entre l’Allemande Siemens et Alstom.

La nouvelle tombe à peine trois jours après que Bombardier ait annoncé mettre fin à sa participation dans l’avion de ligne civil A220, et donc, dans le secteur de l’aviation commerciale.

Avec La Presse canadienne

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