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Bombardier quitte le secteur de l’aviation commerciale

Les anciens locaux de Bombardier dans l'arrondissement de Saint-Laurent Photo: Archives | Métro

L’entreprise québécoise Bombardier met fin à sa participation dans l’avion de ligne civil A220. Airbus détient désormais 75% des parts dans ce projet, tandis que les 25% restantes sont maintenant entre les mains de Québec, qui pourrait sortir perdant de cette aventure.

«Airbus est content. Bombardier a reçu son argent. Ça va être important pour leur rationalisation et nous, on a bonifié notre participation», a résumé le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, lors d’un point de presse jeudi à Québec.

Bombardier disposait d’environ 34% des parts dans l’A220, l’avion de ligne civil anciennement appelé C Series. Par cette transaction, la participation de Airbus passe de 50 à 75%.

En contrepartie, la société européenne accordera 591 M$ (US) à Bombardier. Le gouvernement du Québec ne verse pour sa part aucune contrepartie, bien que sa participation passe de 16 à 25%.

«Cette transaction soutient nos efforts pour régler la question de notre structure de capital et finalise notre retrait stratégique du secteur aéronautique commercial», a indiqué par voie de communiqué tard mercredi le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare.

L’entreprise a dévoilé jeudi ses résultats financiers pour 2019, qui font état de pertes de plus de 1,6 G$ pour l’entreprise. En cédant ses parts dans l’A220, Bombardier s’enlève le fardeau d’avoir à investir de nouveau à l’avenir dans ce projet.

Des pertes de 600 M$ pour Québec

Malgré ses gains dans la participation de l’A220, Québec pourrait tout de même se retrouver perdante pour avoir pris part à l’aventure de la C Series. En 2016, l’ancien gouvernement de Philippe Couillard avait accordé 1,3 G$ à Bombardier afin de l’aider à développer ce projet.

Or, actuellement, Québec évalue à 700 M$ la valeur de sa participation dans l’entreprise. Elle doit donc inscrire dès maintenant une perte de 600 M$ dans ses registres, ce qui fait fondre de 1,7 G$ à 1,1 G$ les surplus actuellement dans ses coffres.

«La provision pour perte, c’est une provision ponctuelle. Moi, je suis confiant que dans le futur on va retrouver notre argent», a toutefois assuré M. Fitzgibbon.

Ce dernier estime même que cette perte pourrait se transformer en surplus si Airbus réussit à atteindre ses objectifs d’augmenter la production de l’A220 et si la valeur de l’avion augmente dans les prochaines années.

Cette année, l’usine de Mirabel devrait produire «une cinquantaine» de ces avions de 100 à 150 sièges. Or, cette usine «peut produire à peu près 185 avions annuellement», a avancé le ministre.  

En 2026, Airbus rachètera la participation de Québec dans ce projet.

«Si ces projections se matérialisent, et si les prix augmentent, on a de très bonnes chances de récupérer l’ensemble de l’argent qu’on a investi.» -Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation

Conserver les emplois

Dans les derniers mois, l’inquiétude a été grande chez les employés de la division de l’aéronautique de Bombardier. Jeudi, cependant, l’Association Internationale des Machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’Aérospatiale s’est dite soulagée de cette transaction.

«Le scénario idéal aurait été que Bombardier puisse s’en sortir, mais dans les circonstances, on l’accueille positivement parce qu’ils comptent préserver les emplois», a évoqué à Métro le coordonnateur du syndicat au Québec, David Chartrand. 

L’entente conclue avec Bombardier comprend une garantie de trois ans concernant la préservation des 360 emplois qui assurent la construction du cockpit et d’autres composantes de l’A220 à l’usine de Bombardier située dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Ceux-ci iront ensuite dans l’usine de Mirabel.

En tout, «plus de 3 300 emplois d’Airbus sont assurés au Québec», assure l’entreprise par voie de communiqué.

«D’après moi, il est assez clair qu’Airbus n’a aucun avantage à démobiliser les emplois du Québec et à les amener ailleurs», a d’ailleurs réagi le ministre Fitzgibbon. Ce dernier a rappelé que l’expertise dans la construction de l’A220, «elle n’est pas à Toulouse, elle est ici».

Le gouvernement a toutefois concédé n’avoir reçu aucune «garantie» concernant la préservation des emplois au Québec.

«Je pense qu’aujourd’hui, de garantir un emploi, ce n’est pas réaliste», a laissé tomber le ministre. 

Le syndicat des machinistes souligne par ailleurs que l’inquiétude demeure concernant l’avenir des quelque 10 000 employés montréalais responsables de la conception de jets d’affaires pour Bombardier.

«Ces gens-là demeurent dans l’incertitude. Ils ne savent pas ce qui va se passer avec leur avenir», a soulevé M. Chartrand.

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