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Guinée: un moratoire immédiat sur les déportations demandé au Canada

Guinée: un moratoire sur les déportations demandé au Canada
Andres Fontecilla, Amadou Sadjo Barry et Marissa Berry Mendez. Photo: Pablo Ortiz/Métro

Plusieurs organismes et personnalités ont demandé au Canada un moratoire immédiat sur les expulsions vers la Guinée, dimanche. Le pays est régulièrement pointé du doigts par les défenseurs des droits humains pour cette situation jugée très préoccupante.

«Nous demandons au gouvernement fédéral de faire preuve d’humanisme.» Mohamed Barry, du comité Guinéens unis pour le statut, a ainsi demandé au Canada l’arrêt immédiat des déportations vers la Guinée ainsi que la mise en place d’un moratoire. Il s’est exprimé lors d’une conférence de presse conjointe avec le député de Québec solidaire, Andres Fontecilla et Amadou Sadjo Barry, représentant du Front national de défense de la Constitution (FNDC) guinéen.

«Malgré nos efforts considérables, de nombreux Guinéens font face à des déportations. Alors qu’ils sont bien intégrés et contribuent à l’épanouissement de la société canadienne, ils risquent de perdre tout ce qu’ils ont construit ici» soutient Mohamed Barry.

Selon lui, plus de 300 personnes, seulement au Québec, seraient menacées par les expulsions vers la Guinée.

Situation alarmante en Guinée

D’après les participants à la conférence de presse, le Canada ne tiendrait pas compte de la réalité actuelle en Guinée.

Le pays d’Afrique de l’Ouest de plus de 12 millions d’habitants traverse une crise politique et une vague de violences meurtrières depuis que son président – le premier à avoir été élu démocratiquement – a annoncé la tenue d’un référendum.

Celui-ci vise à modifier la Constitution pour permettre à Alpha Condé de se représenter à un troisième mandat. C’est à cette occasion que le FNDC, qui se veut apolitique, a été créé.

Depuis octobre 2019, une quarantaine d’opposants guinéens ont été tués, selon Amnistie Internationale.

«Les autorités guinéennes ont largement failli à leur mission de lutte contre la culture d’impunité pour les violations des droits humains commises par les forces de sécurité» souligne Marisa Berry Mendez, d’Amnistie Internationale Canada.

L’organisation était présente lors de la conférence de presse pour faire part de la situation en Guinée et de ses recherches.

Intérêts économiques

«Le gouvernement fédéral ferme les yeux sur ce qui se passe en Guinée au profit des compagnies canadiennes présentes en Guinée, comme Rio Tinto Alcan ou SNC-Lavalin. Ils s’intéressent seulement aux ressources naturelles et non pas aux Guinéens et aux Guinéennes» dénonce Mohamed Barry.

En plus du moratoire sur les déportations, Mohamed Barry souhaite également que le Canada gèle les avoirs de la Guinée.

«Il faut étudier tous les dossiers à la lumière de la situation du pays», poursuit-il.

Pour Andres Fontecilla, les Guinéens, «qui sont pourtant très bien intégrés à la société», sont hantés par les menaces d’expulsion et vivent dans une immense précarité en raison de leur statut d’immigrant temporaire.

La situation serait symptomatique «d’une logique perverse des politiques d’immigration canadienne et québécoise qui conçoit les réfugiés comme un poids pour la société» avance-t-il.

En décembre dernier, un moratoire avait déjà été demandé. Pour le moment, le gouvernement n’a pas accédé à leur requête puisque les déportations vers la Guinée n’ont pas cessé.

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