COVID-19 : la distanciation sociale se pratique aussi en prison
Interdiction de visites et halte aux activités sociales. Plusieurs mesures de sécurité ont été mises en place pour éviter la propagation de la COVID-19 dans les établissements de détention du Québec. Des gestes nécessaires, selon le syndicat qui représente les agents des services correctionnels.
Pour le moment, aucun cas de la COVID-19 n’a été recensé dans une prison québécoise. Mais la vigilance est impérative, plaide le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ), puisqu’il «serait difficile de gérer» la situation si le virus trouvait le moyen d’entrer dans l’une des prisons de la province. Chez les agents correctionnels, l’inquiétude est bien réelle.
« Ça peut aller vite, ce sont des lieux fermés. C’est sûr qu’il peut y avoir des risques», explique Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ.
Pour réduire les risques, les autorités carcérales ont chamboulé le quotidien des détenus.
Actuellement, toutes les visites sont interdites à l’intérieur des murs des établissements de détention. Seuls les avocats des détenus ont le droit de visite en utilisant les parloirs sécuritaires munis de vitre dans la prison. Ceux-ci sont tout de même invités à privilégier le visio-parloir ou le téléphone.
La tenue d’activités sociocommunautaires est aussi proscrite pour une durée minimale de 14 jours. Même les rencontres de groupes des Alcooliques anonymes sont suspendues.
De plus, chaque établissement aura à désigner « des secteurs d’isolement » dans lesquels les autorités pourraient confiner les personnes qui « représenteraient des risques» par rapport aux critères établis par la direction de la Santé publique.
Les peines discontinues non suspendues
Les personnes effectuant des peines discontinues doivent toutefois continuer à se présenter à l’établissement de détention où elles effectuent leur peine.
Bien que ces gens ont à la fois un contact avec le monde extérieur et le milieu fermé de la prison, le ministère insiste, la population carcérale générale ne court pas de risque.
«Dans la mesure où elles ne sont pas en isolement pour des raisons sanitaires liées à la COVID-19, [les personnes effectuant une peine discontinue] sont hébergées ensemble, mais dans des lieux distincts de ceux utilisés pour la garde des personnes qui purgent une peine continue», précise Louise Quintin, relationniste pour le ministère de la Sécurité publique.
Elle ajoute que «les personnes contrevenantes qui doivent s’isoler pour des raisons sanitaires liées au COVID-19 se voient octroyer une permission de sortir pour la durée de l’isolement».
Des mesures qui peuvent évoluer
Pour le moment, les plans et les mesures d’urgence qui sont mis en place dans les établissements «sont évolutifs», explique le président syndical. Il faudra s’ajuster au fil des événements pour ne pas surcharger et épuiser le personnel des milieux carcéraux.
«C’est une situation exceptionnelle [la pandémie] que l’on a là, qu’on avait prévue dans certains plans d’urgence, mais qui n’avait jamais été vécue, affirme M. Lavoie. On n’est pas comme les hôpitaux, on est un lieu fermé et méconnu. Et on ne peut pas arrêter les prestations de service. On est dans les services essentiels, on se doit d’assurer la sécurité de la population en tout temps».
D’autres mesures pourraient s’ajouter. Par exemple, la réduction des transferts entre les établissements de détention et la limitation des déplacements à l’intérieur même des prisons sont envisagées par le ministère.
Du côté de ce dernier, les services correctionnels travaillent de concert «avec leurs collaborateurs des autres ministères pour déterminer les actions précises à prendre», indique Louise Quintin.
Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ, indique pour sa part que le syndicat est discussion constante avec le ministère de la Sécurité publique.
Faisant partie des services essentiels, les agents de la paix en services correctionnels du Québec bénéficient des services de garde pour leurs enfants.