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Des parallèles économiques à tracer entre coronavirus et grippe espagnole

Des Parisiens lors de la crise de la grippe espagnole
Des Parisiens lors de la crise de la grippe espagnole Photo: Topical Press Agency/Getty Images

Il y a plus de cent ans, la grippe espagnole frappait le monde, à la sortie de la Première Guerre mondiale, et tuait des millions de personnes. Un siècle plus tard, des «leçons économiques» peuvent encore être tirées de cette pandémie qui a figé la planète, comme le fait aujourd’hui la crise du coronavirus.

Lundi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a convenu qu’il était devenu nécessaire d’«arrêter presque complètement» la roue économique canadienne. Les entreprises canadiennes, forcées à l’arrêt, craignent des pertes jamais vues.

En 1918, les effets à courts termes de l’épidémie avaient rapidement frappé les marchés, observe le professeur adjoint d’économie au King’s University College Vincent Geloso, qui signait mardi une note pour l’Institut économique de Montréal (IEDM).

«Au Canada, la baisse de la production manufacturière réelle de 1918 à 1919 a été de 13%, tandis que le PIB réel a chuté de 7%», raconte M. Geloso dans ce document.

Selon lui, il n’y a pas de doute: «les coûts à court terme de la pandémie actuelle seront importants».

Déficit «majeur»

Le fiscaliste Luc Godbout, professeur titulaire à l’Université de Sherbrooke (UdeS), constate qu’un déficit sera inévitable au Canada dans le contexte actuel.

«Le gouvernement fédéral va faire un déficit majeur. Aujourd’hui, on sait qu’il pourrait avoisiner les 150 G$», allègue l’expert.

Cela s’explique entre autres par les nouveaux programmes d’aide financière mis en place au fédéral. «Uniquement le programme de subventions salariales va coûter plus de 70 G$. Sur une pleine année, on estimait la TPS à environ 40 G$», illustre M. Godbout.

«Mais c’est ce qu’il fallait faire pour permettre aux gens de ne pas vivre d’anxiété économique ou financière», souligne-t-il.

Des nuances

Selon Vincent Geloso, tout ne s’accorde pas quand on compare deux grandes pandémies comme la grippe espagnole et la COVID-19.

«Alors que la guerre prend fin, la réorganisation de l’activité industrielle vers une production de temps de paix entraîne des coûts d’ajustement», observe-t-il.

Bon signe, avance d’ailleurs l’expert: la grippe espagnole avait été suivie d’une forte relance économique. «La reprise était bien amorcée au cours de l’année. La production industrielle a rebondi de plus de 25% entre mars 1919 et janvier 1920 aux États-Unis et l’activité des entreprises a rebondi de 22%», lance-t-il.

Selon M. Geloso, le taux de mortalité actuel de la COVID-19 – moins élevé que celui de la pandémie précédente – permet de demeurer optimiste. «La reprise pourrait être rapide», dit-il.

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