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UNIS: «je n’ai rien fait pour influencer» le choix, martèle le premier ministre

Justin Trudeau
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau Photo: Dave Chan/AFP

L’organisme caritatif UNIS «n’a pas reçu de traitement de faveur», selon le premier ministre Justin Trudeau. De passage devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes, jeudi, l’élu libéral a affirmé avoir en premier lieu «résisté» au choix d’UNIS pour gérer un programme de 900 M$ – la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.

C’est une des très rares fois de l’histoire fédérale où un premier ministre s’est présenté devant un comité parlementaire.

Criblé de questions des groupes d’opposition, M. Trudeau a réitéré que c’est «la fonction publique canadienne» qui a donné son aval au contrat accordé à l’organisme caritatif. Il s’avère qu’au cours des années, UNIS aurait versé des centaines de milliers de dollars à des membres de la famille du premier ministre et à son ministre des Finances.

Devant le Comité, le leader libéral a soutenu n’avoir été averti que le 8 mai du choix de la fonction publique. «Je n’ai rien fait pour influencer» la décision, a tonné le premier ministre, avançant d’ailleurs qu’il a «résisté» avant de l’aborder en réunion du conseil des ministres.

M. Trudeau maintient qu’il aurait préféré voir le Service jeunesse Canada, un organisme gouvernemental, administrer la Bourse. «Lorsque j’ai appris qu’on nous recommandait UNIS, j’avais des questionnements», a-t-il lancé.

Conflit d’intérêt?

M. Trudeau et son ministre des Finances, Bill Morneau, sont dans l’eau chaude pour avoir approuvé la signature d’un contrat de 19,5 M$ avec l’organisme UNIS pour la gestion du fonds pour étudiants.

Les oppositions à Ottawa accusent les deux politiciens de «conflits d’intérêt», ce que M. Trudeau réfute.

«Je ne suis pas en situation de conflit d’intérêt. Je me suis excusé à cause de la perception de liens avec ma famille.» – Justin Trudeau, lors de son témoignage

Le Commissariat parlementaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique a ouvert il y a deux semaines une enquête sur les agissements du ministre Morneau, mais les conservateurs ont demandé mercredi d’en ouvrir une seconde pour étudier les actions du premier ministre.

Le commissaire à l’éthique a étudié à deux reprises les actes de M. Trudeau dans le passé, soit pour ses vacances chez l’Aga Khan et pour le scandale de la firme SNC-Lavalin.

Jeudi, devant le Comité des finances, les députés d’opposition ont maintes fois répété qu’il s’agissait d’une troisième apparence de conflit d’intéret depuis l’accession du député de Papineau au poste de premier ministre.

«Qu’arrive-t-il au baseball quand vous avez trois prises?», a illustré le député conservateur Pierre Poilievre.

«Pas d’amitié» avec les Kielburger

M. Trudeau témoignait deux jours après le passage des frères Craig et Marc Kielburger devant le Comité, les créateurs d’UNIS, aussi connu sous le nom de WE Charity.

Interrogé sur ses liens personnels avec les têtes d’affiche d’UNIS, le premier ministre a indiqué n’avoir rencontré les frères Kielburger «que dans des événements publics».

«Je n’ai jamais parlé aux frères Kielburger» entre le moment où la Bourse a été créé et le moment de la recommandation de la fonction publique», a signalé M. Trudeau.

La semaine dernière, le ministre Morneau avait lui aussi témoigné devant le même comité. Il avait alors révélé avoir reçu du financement de 41 000$ de la part d’UNIS lors de voyages au Kenya et en Équateur.

Jeudi, le premier ministre a affirmé qu’il ne connaissait «pas particulièrement» l’existence des frais de voyages de M. Morneau. Il savait cependant que sa femme, Sophie Grégoire, avait vu son voyage vers un événement d’UNIS à Londres être financé par l’organisme.

Des élections à l’automne?

Depuis la mise en lumière de l’affaire UNIS, tout autant le Parti conservateur que le Bloc québécois ont indiqué leur désir de dissoudre la Chambre des communes si le premier ministre ne quitte pas ses fonctions.

Le statut minoritaire du gouvernement Trudeau fait en sorte que les partis d’oppositions pourraient le faire tomber dans un vote de censure ou dans un vote en opposition à un budget. Les Canadiens devraient alors retourner aux urnes, à peine un an après les dernières élections.

La deuxième éventualité est la plus probable, selon le politologue Félix Mathieu.

«Lorsque les conservateurs se seront dotés d’un chef, ils vont vouloir se démarquer, frapper un coup de circuit. Il est probable qu’ils demandent au gouvernement de déposer un véritable budget à l’automne, ce qu’il n’a pas fait cette année», avance le chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes.

C’est un portrait économique qu’a présenté au début du mois le Parti libéral. Le budget, prévu initialement en mars, n’a pas encore vu le jour.

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