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Plastique : le Canada exporte l’équivalent en poids de 800 baleines par an

Des déchets plastiques qui ont été rejetés sur le rivage. Photo: Susan White/USFWS

Oceana Canada tire la sonnette d’alarme: en 30 ans, le Canada a exporté 4 millions de tonnes de déchets plastiques. C’est l’équivalent en poids de 800 baleines bleues par année. Dans son nouveau rapport, publié mardi, l’organisme de protection des océans estime que le Canada contribue au désastre mondial du plastique « de manière disproportionnée.»

Selon eux, il est urgent que le gouvernement Trudeau agisse. Le pays doit interdire dès aujourd’hui les produits plastiques à usage unique. Et non pas «d’ici 2021» comme l’a promis le premier ministre, Justin Trudeau. Une promesse qu’il a d’ailleurs réitéré dans le discours du Trône.

«L’approche actuelle consiste à recycler peu, à exporter nos déchets plastiques à l’étranger et à transférer la responsabilité aux consommateurs», déplore Kim Elmslie, directrice de campagne chez Oceana Canada.

Environ la moitié de tout le plastique jeté au Canada provient de ces produits à usage unique.

Pour la plupart, on les exporte vers des pays d’Asie. Ces derniers ne sont pas équipés pour les traiter. Ils les refusent même désormais. Notons qu’en la matière, les chiffres de la Chine (56 millions de tonnes) et des États-Unis (26,70 millions) sont encore pires.

Le Canada : pays plastique?

Alors que les Canadiens représentent moins de 0,5 % de la population mondiale, le pays utilise 1,4 % de tout le plastique produit, selon le rapport.

Aux dernières nouvelles, le pays produit jusqu’à 3,6 fois plus de déchets plastiques que certains pays d’Asie du Sud-Est. Et presque le double de certains pays scandinaves.

La COVID-19 n’a d’ailleurs rien arrangé faisant exploser l’usage de contenants alimentaires en plastique, de masques et de gants jetables. C’est simple, si l’on continue comme cela : en 2050, le volume de plastique produit aura presque quadruplé.

Pourtant, la grande majorité des Canadiens se dit préoccupée par la pollution plastique, selon un sondage fait au nom d’Oceana Canada en juin dernier.

Ainsi, 86 % d’entre eux étaient en faveur d’une interdiction nationale sur les plastiques à usage unique.

Le recyclage n’est pas la solution

On produit du plastique à une échelle trop «astronomique» pour que le recyclage change quoi que ce soit, dit l’organisme.

«Les déchets plastiques ne sont pas un problème qui peut être résolu par les choix individuels des consommateurs» – Oceana Canada

D’ailleurs, à peine 9 % du plastique au pays est recyclé à l’échelle nationale et seulement 9 % de tout le plastique jamais produit a été recyclé, indique le rapport. Cela signifie que 86 % des déchets ont abouti à l’enfouissement, et le reste a été exporté, incinéré ou rejeté dans l’environnement.

Pourtant, 57 % des Canadiens croient encore que leur pays recycle les emballages de plastique qu’ils déposent dans leur bac de recyclage.

Alors, quelles solutions?

En plus de bannir les plastiques à usage unique, l’organisme de protection des océans propose que tous les acteurs publics offrent des choix sans plastique. Ils peuvent utiliser d’autres matériaux ou revenir aux emballages réutilisables et rechargeables.

L’organisme exige également l’arrêt de l’exportation directe et indirecte des déchets plastiques vers les pays en développement.

Finalement, il demande au gouvernement canadien de soutenir adéquatement les infrastructures. Le but? Réutiliser les produits de plastique, incluant le remplissage des boissons.

Le rapport est accablant. Chaque année, 10 000 tonnes de plastique se retrouvent dans les Grands Lacs. On trouve maintenant du plastique dans les secteurs les plus profonds de l’océan, dans la glace arctique et dans l’air du désert.

Non seulement les déchets plastiques polluent mais ils étouffent les tortues et tuent les oiseaux de mer, explique l’organisme. Les animaux marins les confondent même avec de la nourriture et les ingèrent, ce qui provoque de terribles dégâts.

Dans un courriel envoyé à Métro, le ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Jonathan Wilkinson, a indiqué maintenir son engagement de mettre en place une interdiction des produits plastiques à usage unique nocifs lorsqu’elle est appuyée par la science avant la fin 2021.

«La pollution et les déchets plastiques constituent une menace croissante pour notre environnement et un fardeau pour l’économie, et les Canadiens veulent que des mesures soient prises», a-t-il réagi par le biais de son directeur des communications, Ricky Landry.

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