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Plus de 13 000 travailleurs de la santé infectés par la COVID-19

coronavirus 100 000 morts
Photo: Getty Images

Entre le 1er mars et le 14 juin 2020, 13 581 travailleurs de la santé ont été atteints par le virus de la COVID-19, indique une enquête épidémiologique réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), dont plus de la moitié (52%) travaillent à Montréal.

Cela représente le quart des cas rapportés au Québec lors de la première vague de COVID-19. Onze de ces travailleurs (0,8%) en sont décédés et 2,5% ont été hospitalisés. Parmi eux, 12% travaillaient en Montérégie et 9% à Laval. 

Ils travaillent comme préposés aux bénéficiaires, infirmières ou infirmières auxiliaires. Pour près de la moitié (48%), ils exerçaient dans des CHSLD ou bien dans des centres hospitaliers (34%). Les médecins, eux, représentent 3% des malades. 

Plus des trois quarts des participants sont des femmes (79%). 

Ils sont 40% à déclarer ne pas avoir toujours porté l’équipement de protection individuelle (ÉPI) durant les premières semaines de la pandémie. Notons que ce pourcentage diminue à 10% à la fin de la période étudiée.

Les principales raisons évoquées ont été soit le manque ou la difficulté d’accès à l’équipement. Parfois, celui-ci était inadapté ou de mauvaise qualité. 

«Il manquait de matériel, donc je n’avais pas de masque, pas de lingettes désinfectantes et presque pas de gel pour les mains. Il restait le quart d’une bouteille de gel à mains pour quatre collègues la première journée de travail.» – Une infirmière

D’où vient la contamination?

Bien que la majorité des répondants (83%) pensent avoir été infectés dans leur milieu de travail, 40% n’ont pas pu identifier si des patients ou des collègues les avaient contaminés. 

Près de la moitié d’entre eux (48%) rapportent avoir été exposés dans des unités qui n’étaient pas consacrées exclusivement à la COVID-19.

Les travailleurs de la santé pensent avoir été contaminés à l’occasion du transfert de patients ou avant la confirmation diagnostique d’un patient. 

«Les [masques] N95 étaient sous clés puis ensuite les «ordinaires». Nous avons dû nous battre pour y avoir accès. […] C’est inadmissible de ne pas avoir été protégée.» – Une infirmière

Ils évoquent également des rassemblements dans des locaux étroits ou les mouvements de personnel. 

Ces travailleurs avaient un risque environ 10 fois plus élevé de contracter le virus que le reste de la population, a établi l’étude. 

Un manque d’information et de formation

Près de la moitié (44%) ont dit n’a reçu aucune formation ou ont seulement reçu de l’information écrite ou affichée sur la prévention et le contrôle des infections (PCI) révèle l’enquête. 

Ils rapportent des recommandations incohérentes et confuses en raison des changements fréquents. 

Concernant les mouvements de personnel, d’ailleurs toujours d’actualité, de 20 à 30% rapportent avoir travaillé dans plus d’une installation durant la période étudiée. Ils sont 10% à avoir travaillé dans trois installations différentes, voire parfois plus de trois. 

De nombreux participants ont déploré des problèmes de leadership. Notamment un manque de transparence, de communication, d’écoute et de soutien. 

«Je suis victime de la négligence de mon chef d’unité car il ne m’a pas écoutée. Aujourd’hui, j’ai perdu mon mari à cause de lui.» – Une préposée en CHSLD

La COVID-19 s’est transmise à près d’un tiers des membres des familles des travailleurs ayant participé à l’étude.  

Il en a résulté de la détresse psychologique et de la colère, voire aussi de la culpabilité d’avoir infecté une personne de l’entourage professionnel ou personnel (parfois décédée). 

Le directeur national de la Santé publique a mandaté l’INSPQ pour réaliser cette enquête.  

Parmi ces 13 581 travailleurs infectés par le virus, 5000 ont accepté de participer à l’étude. Ceux-ci ont tous été atteints de la COVID-19 avant le 14 juin dernier. 

«Ce n’est pas du tout réglé », dit un syndicat

«Ces problèmes vont se répéter. Ce n’est pas du tout réglé», a déclaré à Métro mercredi soir, Jeff Begley, président de la Fédération de la Santé et des Services Sociaux, un syndicat affilié à la CSN. 

En entrevue, M. Begley affirme qu’il n’y a toujours pas de masques N95 dans les CHSLD. Et que des mouvements de personnel se produisent encore

Si le gouvernement ne change pas de cap, M. Begley estime que l’exode des travailleuses et des travailleurs va tout simplement se poursuivre. 

«Lors de la première vague, la vaste majorité du monde a répondu «On y va». Mais à un moment donné si y’a une deuxième vague, à cause du va-et-vient, j’essaie d’imaginer l’effet cumulatif. Il va encore y avoir des départs.» – Jeff Begley, président de la Fédération de la Santé et des Services Sociaux

Selon le président de la FSSS-CSN, les leçons de la première vague n’ont pas été retenues par le gouvernement. 

Pour Marc Rochefort, directeur général par intérim du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU), le problème demeure également le transfert d’employés d’une installation à l’autre. Et il se poursuit encore maintenant. 

Le RPCU salue toutefois le déploiement d’infirmières spécialisées en matière d’infections. Le matériel de protection semble par ailleurs suffisant. Il se réjouit aussi de la présence possible des proches aidants.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a, quant à lui, indiqué que de nombreuses actions avaient été déployées depuis le printemps afin de préparer efficacement le réseau pour la deuxième vague et d’assurer la sécurité du personnel.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, environ 400 préposés aux bénéficiaires (PAB) en CHSLD ont quitté leur poste à Montréal. Le Devoir rapportait à la fin d’août que 800 infirmières montréalaises avaient démissionné depuis ce début.

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