De nouvelles pressions pour innocenter Louis Riel, 135 ans après sa mort
Des représentants de la communauté métisse canadienne pressent une nouvelle fois le gouvernement fédéral d’exonérer Louis Riel, 135 ans après sa pendaison, alors qu’une telle mesure permettrait selon eux d’avancer d’un pas «vers la réconciliation».
Le francophone métis Louis Riel, qui a dirigé deux gouvernements métis provisoires dans la deuxième partie du 19e siècle, a grandement contribué à l’entrée du Manitoba dans la Confédération canadienne. Il a toutefois été exécuté le 16 novembre 1885 en raison de sa participation à une résistance contre l’empiètement de soldats canadiens sur des terres métisses.
Dans les dernières années, l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba a demandé à maintes reprises au gouvernement fédéral d’accorder son pardon à Louis Riel, en vain. À deux semaines du 135e anniversaire de son décès, sa présidente, Paulette Duguay, a réitéré cette demande lundi auprès du ministre responsable des Services aux Autochtones, Marc Miller.
«Dans cette aire de réconciliation, exonérer Louis Riel serait un geste juste, noble et réparateur pour bien des Canadiens», a affirmé Mme Duguay lundi. Cette dernière a pris part à une conférence de presse virtuelle en fin d’avant-midi en présence de plusieurs autres groupes qui représentent la communauté métisse canadienne.
«Nous pourrions alors pardonner au gouvernement une fois pour toutes [l’exécution de Louis Riel]», a-t-elle ajouté.
La Ville de Montréal interpellée
En soutien à cette mobilisation, le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, déposera une motion à la prochaine séance du conseil municipal, le 16 novembre. Il pressera alors la Ville de Montréal de réclamer elle aussi l’exonération de Louis Riel auprès d’Ottawa. M. Rotrand avait déjà fait une demande similaire en janvier 2017, alors que l’ancien maire Denis Coderre était en poste.
«Nous parlons de [l’exonération de Louis Riel] depuis des décennies. J’ai maintenant près de 50 ans et j’ai l’impression qu’on n’est allés nulle part. Il est temps que le gouvernement fédéral agisse», a pour sa part martelé le président de la Fédération des Métis de la Colombie-Britannique, Keith Henry. Ce dernier voit l’exécution de Louis Riel comme «une injustice» qu’il est grand temps de corriger.
«On parle beaucoup de la réconciliation avec la communauté métisse, mais on a l’impression que ça ne mène nulle part.» -Keith Henry
Une perception qui évolue
La perception des historiens de Louis Riel a beaucoup évolué depuis son exécution. D’abord perçu comme un traître à l’origine de l’exécution de Thomas Scott en 1870, il est plutôt considéré aujourd’hui par plusieurs comme un chef métis qui s’est porté à la défense de son peuple face au gouvernement canadien. Certaines personnes continuent toutefois d’avoir une perception négative du legs de Louis Riel.
«Il existe encore aujourd’hui une importante population canadienne qui véhicule des opinions extrêmement provocatrices au sujet de Louis Riel, et ce malgré tous les documents écrits par des intellectuels renommés», déplore Mme Duguay. Selon elle, en exonérant Louis Riel, le gouvernement de Justin Trudeau contribuerait à changer la perception de la population canadienne à l’égard de ce personnage marquant de l’histoire du pays.
«Le gouvernement canadien a le devoir et la responsabilité morale d’éduquer sa population sur ces faits de notre histoire, de s’en excuser et de faire en sorte que les préjugés, les moqueries, les mépris et les négligences faits aux Métis terminent une fois pour toutes», a-t-elle ajouté.
Cette demande est toutefois loin de faire l’unanimité, au sein même de la communauté métisse. Le président de la Fédération métisse du Manitoba, David Chartrand, a notamment fait part dans les dernières années de son opposition à une éventuelle exonération de Louis Riel, tout comme plusieurs autres personnes métisses.
Au moment de mettre en ligne, Services aux Autochtones Canada n’avait pas répondu aux questions de Métro.