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Langue française: Québec va réformer la Loi 101

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, veut réformer la Loi 101.
Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette Photo: Josie Desmarais/Métro

La Loi 101 est à nouveau sur le point d’être modifiée. Le gouvernement du Québec déposera un projet de loi afin d’en entamer la réforme lors de la prochaine session parlementaire, a confirmé mardi le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette.

Cette mesure législative doit s’inscrire dans un plus large projet de valorisation de la langue, un «plan costaud» que Québec promet depuis des mois. Celui-ci comportera également des mesures budgétaires et administratives, selon le ministre.

Le dépôt du projet de loi, lui, surviendra en 2021. Le coup de départ de la session parlementaire sera donné en février. «Nous avons l’intention de modifier la loi 101 afin de renforcer plusieurs de ses dispositions et d’étendre son champ d’application», a signifié M. Jolin-Barrette, à Québec.

«Il doit y avoir un socle commun, une assise solide où tous s’appuient et s’unissent sur ce socle, et ce socle, c’est la langue française.» – Simon Jolin-Barrette

L’élu promet des mesures incitatives, mais aussi des mesures coercitives. Il assure que la réforme de la Charte ne se fera pas au détriment des minorités linguistiques du Québec.

«Ce n’est pas parce qu’on donne plus de protections au français qu’on s’oppose à la langue anglaise», a illustré le ministre.

«Recul inquiétant»

Le dernier recensement canadien avait rapporté un recul de la langue de Molière dans les chaumières du Québec. Des études parues dans les derniers mois démontrent elles aussi un déclin statistique de la langue française, particulièrement en milieu de travail. Montréal est le point chaud de cet étiolement.

«Depuis quelques mois, les constats s’accumulent et ils sont durs. Ils viennent confirmer une impression qui s’est dessinée au cours de la dernière décennie, l’usage de notre langue commune accuse des reculs inquiétants dans différentes sphères de la société», a affirmé M. Jolin-Barrette mardi.

Au mois d’août, un rapport de l’Institut de la statistique du Québec indiquait que près de deux tiers des entreprises de la métropole demandaient désormais à leurs employés de maîtriser l’anglais. Dans le reste du Québec, cette proportion s’élève à environ 38%, selon cette analyse menée pour le compte de l’Office québécois de la langue française (OQLF).

En septembre, M. Jolin-Barrette avait annoncé la création de 50 nouveaux postes et de trois nouveaux bureaux pour l’Office.

Le français dans les Villes

Selon ce même rapport, la moitié des arrondissements et des municipalités de l’Île de Montréal demandent au minimum des connaissances en anglais et en français, ou bien en anglais seulement. L’utilisation de l’anglais dans l’administration publique inquiète particulièrement le ministre Jolin-Barrette.

Il y a un mois, le gouvernement du Québec et les groupes d’oppositions provinciaux ont uni leurs voix pour demander unanimement à Montréal de se conformer à la Loi 101. À ce moment-là, la Ville était toujours dans le processus d’acquisition d’un certificat de l’OQLF. Celui-ci est distribué dans les administrations municipales qui répondent à la Charte de la langue française.

Par ailleurs, la moitié des arrondissements de Montréal n’avaient toujours pas obtenu leur certificat à ce moment.

Montréal en ligne de mire

Simon Jolin-Barrette soutient qu’il y aura des mesures spécifiques à la métropole québécoise dans le cadre de son plan d’action. En marge d’une conférence de presse, mardi avant-midi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est montrée sensible à l’importance de protéger la langue française dans la métropole.

«Il faut vraiment que ça devienne la langue de tout le monde. Et pour ça, on peut passer par la culture. On peut aussi passer par plus de sensibilisation, entre autres avec les étudiants et les travailleurs qui viennent d’ailleurs», a-t-elle dit. Mme Plante estime notamment que les nouveaux arrivants dont la langue première n’est pas le français devraient pouvoir apprendre la langue de Molière plus facilement.

«On doit s’assurer que pour les nouveaux arrivants, l’apprentissage du français soit simple, facile et accessible parce que le parcours de l’immigrant, c’est un parcours du combattant», a-t-elle ajouté.

Adoptée en 1977, la Charte de la langue française de Camille Laurin a longtemps fait l’objet de débats explosifs au Québec. La loi a également soulevé les passions devant les tribunaux.

Elle a été amendée à six reprises dans le passé.

-Avec Zacharie Goudreault, Métro

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