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Un nouveau confinement ne plombera pas l’économie, dit un économiste

Un vélo barré devant une Place d’Armes complètement vide, pendant le premier confinement dû au coronavirus.
La Place d’Armes, normalement bondée de touristes et de gens d’affaires, était fort peu achalandé pendant le premier confinement. Photo: Josie Desmarais/Métro
Emma Brien-Desrochers & Mathieu Valiquette - Collaboration spéciale

Alors que l’économie du Québec commence à s’approcher de sa taille pré-pandémie, le premier ministre Legault évoque la mise en place d’un nouveau confinement pour ralentir la deuxième vague de propagation de la COVID-19. Peut-on se permettre un nouveau confinement? Oui, dit un économiste.

«On a un choix à faire: voulons-nous une crise sanitaire ou une crise économique en plus d’une crise sanitaire?», questionne l’ex-ministre délégué aux finances du Québec et professeur d’économie à l’UQAM, Alain Paquet.

L’économie et les mesures préventives employées par le gouvernement sont dépendantes l’une de l’autre. «Si l’on regarde les États-Unis, ils ont préféré protéger l’économie plutôt que de protéger la santé des gens, explique M. Paquet. Ça n’a visiblement pas fonctionné, car la situation économique du Québec et du Canada se porte mieux.»

Ainsi, l’instauration d’un second confinement serait avantageuse pour l’économie sur le cours de plusieurs mois, jusqu’à ce que la distribution des vaccins soit terminée.

Confinement après les Fêtes

Le consultant en économie Yves Saint-Maurice suggère d’introduire un confinement après les rassemblements du temps des Fêtes, c’est-à-dire au mois de janvier. Même si certaines familles ne respecteront pas les mesures de distanciation. «On doit agir, et un confinement 2.0 est la meilleure option en attendant les vaccins», affirme M. Saint-Maurice.

Le Québec se dit prêt à commencer la vaccination dès lundi, si le vaccin de Pfizer/BioNTech est approuvé rapidement par Santé Canada. Mais les premières doses seront limitées aux résidents des CHSLD, puis au personnel du réseau de la santé.

En général, le premier mois de l’année représente un temps mort pour l’économie et, selon Yves Saint-Maurice, cela représenterait un des meilleurs moments pour réintroduire un confinement. «Cela permettrait aux cas de contaminations qui auront lieu durant les fêtes en famille de s’estomper», soutient-il.

Période clé pour les commerçants

La période des fêtes s’annonce toutefois difficile pour les commerçants, qui ont encore du mal à se réorganiser dans le but de pallier les inconvénients qu’apporte la pandémie de COVID-19. Les propriétaires, incertains, ne savent pas si l’engouement autour de l’achat local leur permettra de survivre à la baisse de revenus.

Marie Letard, propriétaire de la boutique Bouche Bée à Montréal, avoue que le mois de décembre amènera son lot de défis pour un commerce comme le sien. «Il y a beaucoup à faire avec toujours la même petite équipe et les nouvelles restrictions du gouvernement».

La boutique de décoration et d’accessoires n’a pourtant pas été victime de la crise du nouveau coronavirus sur le plan de son chiffre d’affaires. «Si on regarde l’été ou les derniers mois, on a eu plus de trafic que les années précédentes», affirme la propriétaire.

Moment critique pour les PME en alimentation

Les commerces jugés essentiels, eux, sont plus durement touchés par l’annulation des festivités de Noël. «Quoique minime, il y a définitivement une baisse dans les ventes de produits, dit Mahmoud Abdel Gawad, propriétaire de la fromagerie Paradis du Fromage. Ce qui est certain, c’est qu’on a beaucoup plus de pertes en termes de produits périssables.»

M. Abdel Gawad ne se décourage tout de même pas avec la venue de mois tranquilles comme janvier et février.

Les commerçants en alimentation ne sont pas les seuls à affronter la pandémie de la COVID-19. En effet, plusieurs nouveaux entrepreneurs sont laissés au dépourvu à la veille d’une période habituellement significative en matière de revenus. N’ayant droit à aucune aide gouvernementale vu l’absence d’un chiffre d’affaires pour l’année précédente, les nouvelles entreprises sont laissées à eux-mêmes.

«Nous sommes installés dans le milieu alimentaire des épiceries fines. La crise nous a frappés de plein fouet, avant même que nous puissions démarrer le tout correctement», constate Michaël Quevillon, nouvellement co-propriétaire d’une entreprise se spécialisant dans les sirops pour boissons alcoolisées.

Il s’estime tout de même chanceux du goût marqué de la population québécoise pour les produits de sa province.


Textes originaux disponibles sur le site de l’Atelier de production journalistique de l’UQAM:

https://latelier.uqam.media/une-mise-sur-pause-ne-plombera-pas-leconomie/

https://latelier.uqam.media/le-temps-des-fetes-periode-cle-pour-les-commercants/

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