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COVID-19 dans les CHSLD: la menace «nettement sous-évaluée», dit la protectrice du citoyen

Le CHSLD Herron, à Dorval
Le CHSLD Herron, à Dorval, est devenu un symbole de la létalité de la maladie en milieux de soin, durant la première vague. Photo: Josie Desmarais/Métro

La menace de la COVID-19 dans les CHSLD a été «nettement sous-évaluée» par Québec. C’est là une des conclusions du Protecteur du citoyen, qui reproche au gouvernement d’avoir agi trop tard pour stopper la mobilité du personnel et fournir suffisamment d’équipement.

L’organisme indépendant est le plus récent à se pencher sur la crise qui a fait des milliers de morts durant la première vague de la pandémie. Dans un rapport d’étape déposé jeudi matin, la protectrice, Marie Rinfret, avance que le gouvernement a manqué à son devoir de soutien aux CHSLD.

Notamment, le réseau de la santé a négligé «des soins et des services parmi ceux de première nécessité».

«Des personnes hébergées n’ont alors pas eu l’assistance nécessaire pour bien s’alimenter et s’hydrater. Elles n’ont obtenu que des soins d’hygiène très partiels et ont subi des retards dans le changement des culottes d’incontinence», rapporte-t-on.

«Durant trois ans, des proches soignants et moi, nous nous sommes relayés le midi, le soir et au coucher à son chevet […] Après un mois de confinement, l’exclusion des proches et une agonie de trois jours, il est mort seul, déshydraté, en état de détresse et dans des conditions inimaginables dues au manque de personnel.» – témoignage anonyme publié dans le rapport de la protectrice

«On est responsables»

Le ministre de la Santé et des Service sociaux, Christian Dubé, a reconnu certaines erreurs de son gouvernement, jeudi.

«On est responsables de ce qui est arrivé», a-t-il affirmé. Le matériel de protection, notamment, a manqué par endroits.

«Nos CHSLD n’ont jamais été considérés comme un milieu de soins, ont toujours été considérés comme un milieu de vie. Mais ce n’est pas vrai que c’est un milieu de vie, a analysé M. Dubé en mêlée de presse. Alors quand on est arrivés avec une crise aussi grave, on avait mal planifié et les gouvernements précédents n’avaient jamais réalisé l’ampleur de la crise.»

Pas assez d’équipement

Mme Rinfret pointe du doigt le plan de préparation du gouvernement de François Legault. Mis de côté au profit des hôpitaux, les CHSLD sont vite devenus l’«angle mort» de la première vague, souligne-t-elle.

Parmi les critiques de la protectrice: un manque flagrant d’équipement de protection, soutient-elle. Pourtant, tout au long de la pandémie, le premier ministre François Legault a constamment martelé que jamais ces établissements n’ont manqué de ressources matérielles.

«Lorsqu’il y a eu une distribution elle a été faite de manière inégale», a maintenu Mme Rinfret lors d’un point de presse virtuel, jeudi.

Premières recommandations

Le rapport déposé en matinée est la première ébauche d’un examen plus complet que doit mener dans les prochains mois le Protecteur du citoyen. Malgré tout, le rapport contient déjà cinq appels à l’action adressés au gouvernement Legault.

Entre autres, Mme Rinfret demande à Québec d’implanter le plus tôt possible un nombre suffisant d’employés pour éviter le fléau des mois d’avril et de mai. Après la première vague, le ministère de la Santé et des Services sociaux avait notamment procédé à l’embauche de plusieurs milliers de préposés aux bénéficiaires.

«C’est un travail qui doit avoir une portée pérenne, durable, afin qu’on puisse, une fois pour toute, répondre aux besoins des personnes hébergées. C’est vrai pour les préposés aux bénéficiaires, c’est aussi vrai pour le personnel infirmier», a-t-elle signifié.

La protectrice presse aussi Québec de mieux encadrer le travail des proches aidants, essentiels, selon elle, aux soins en CHSLD. La décision de les exclure des CHSLD durant la première vague a frappé dur, rapporte-t-elle.

«L’impact chez des personnes hébergées a été tel que ça a pu causer des effets irrémédiables», a-t-elle ajouté, jeudi.

Mme Rinfret n’est pas la seule à se pencher sur le cas des CHSLD. En août, la commissaire à la santé et au bien-être a notamment été mandatée afin d’étudier la gestion de crise dans ces établissements.

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