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Au front contre la COVID-19: des infirmières se racontent

Des infirmières racontent leur expérience de la COVID-19.
Photo: Lisa Maree Williams/Getty Images

Elles ont combattu le coronavirus dès mars et encaissent toujours ses effets à mesure que les hospitalisations augmentent. Des infirmières ont confié à Métro leur expérience d’une année 2020 marquée par la COVID-19.

Marcelline Uwingeneye a 38 ans. Elle travaille comme infirmière sur la Rive-Sud depuis quatre ans, mais rien, dit-elle, ne peut se comparer un tantinet à la pression ressentie dans les douze derniers mois.

L’infirmière se rappelle encore des premières semaines de la pandémie, quand le spectre inconnu de la maladie rôdait. Puis quand, en avril, la COVID-19 s’est infiltrée sur l’étage où elle travaillait.

«J’avais travaillé précédemment dans une résidence intermédiaire. Au début de la pandémie, j’ai reçu quelques anciens patients. Je suis partie une fin de semaine, et, quand je suis revenue, j’en avais perdus trois, laisse-t-elle tomber. C’était très pénible.»

«C’est épuisant moralement. C’est pesant.» – Marcelline Uwingeneye, infirmière

Lina* encaisse encore la mort de son premier patient «COVID positif». Un instant marqué au fer rouge, soutient-elle. «Il est décédé en dedans de 2 heures. J’ai été a ses côtés tout le long en pleurant», confie celle qui a préféré taire son nom, par crainte de représailles professionnelles.

«Je ne vois pas le bout»

La pandémie a par moment fait douter Marcelline Uwingeneye. Travaille-t-elle au bon endroit?

«Comparé aux dernières années, quand je vais travailler, je suis stressée. C’est devenu un peu lourd. Parfois, je me dis que je ne vois pas le bout du tunnel», relate-t-elle.

Catherine, une infirmière montréalaise, qui a demandé de taire son nom de famille, a vu «plusieurs collègues tomber en épuisement professionnel» dans les derniers mois.

«C’était protocole par dessus protocole. Ils changeaient d’un jour à l’autre. Ça a créé beaucoup d’anxiété chez les infirmières», raconte cette jeune employée du réseau de la santé.

S’ajoute à cela le virus lui-même, qui aurait infecté plus de 13 000 membres du personnel de soins durant la seule première vague. «On ne connaissait pas ce pathogène-là», ajoute Catherine.

Effort de guerre

La jeune travailleuse de la santé se dit tout de même fière d’avoir contribué au combat contre la COVID-19. Elle en tire même une certaine «fierté». «Rapidement, on nous a attribué des responsabilités qu’on aurait dû attendre des années avant d’obtenir, normalement», affirme-t-elle.

Chaque patient qui sort de l’hôpital guéri donne à Marcelline Uwingeneye une «raison de se lever le matin».

«J’en ai eu où… je n’y croyais pas. La personne arrivait tellement amochée», avance-t-elle.

Au Québec, la pression sur le réseau hospitalier ne semble pas près de s’alléger. Au moment d’écrire ces lignes, 1 211 personnes sont hospitalisées en raison de la COVID-19. Plus de 150 ont été envoyées aux soins intensifs.

Catherine encaisse avec difficulté le discours de ces gens qui ne croient pas aux effets de la maladie. Elle leur lance un message: «Qu’ils viennent passer une journée à l’hôpital. Ils vont voir à quel point c’est la folie.»

*Nom fictif

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