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L’INESSS déconseille la colchicine pour les patients atteints de la COVID-19

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La colchicine est un anti-inflammatoire connu. Photo: iStock

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) juge qu’il est trop tôt pour recommander l’utilisation de la colchicine pour prévenir les symptômes graves de la COVID-19. Ce médicament aurait d’ailleurs des effets indésirables «préoccupants» sur certains patients.

L’INESSS a dévoilé jeudi après-midi sa position préliminaire quant aux résultats de l’étude Colcorona, réalisée par l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM). Lancée en mars dernier, cette vaste recherche visait à établir les vertus de la colchicine pour réduire les hospitalisations et les décès attribuables à la COVID-19.

Sur 4488 participants à cette étude, 4159 ont reçu un diagnostic positif à la COVID-19 confirmé par un test nasopharyngé. Au terme de cette recherche, l’équipe du Dr Jean-Claude Tardif a fait état à la fin janvier de résultats prometteurs quant à la possibilité que cet anti-inflammatoire connu et peu coûteux puisse réduire la pression sur le réseau de la santé dans le contexte de la pandémie.

Une efficacité mise en doute

Or, les résultats de cette étude font état d’une réduction qui n’est pas «statistiquement significative» du nombre d’hospitalisations et de décès chez les patients ayant pris ce médicament, a tranché l’INESSS jeudi.

«On ne peut pas conclure sur l’efficacité de la colchicine», a déclaré jeudi après-midi la vice-présidente scientifique de l’INESSS, Michèle de Guise, lors d’une conférence de presse virtuelle.

Son analyse fait en fait état d’une réduction du risque absolu d’hospitalisations de 1,2% entre les patients ayant pris ce médicament pendant 30 jours et ceux qui ne l’ont pas fait. La colchicine n’aurait aussi permis de diminuer que de 0,2% le risque de mortalité auprès des patients qui ont pris la colchicine.

En nombre absolu, l’étude constate que l’administration de la colchicine dans le contexte de cette étude a permis de réduire de 14 le nombre d’hospitalisations pour 1000 patients atteints de la COVID-19.

«Si on regarde les hospitalisations et les décès, l’intervalle de confiance nous amène à un effet qui est minime», a ajouté Mme de Guise.

Plusieurs effets indésirables

Les participants à la recherche de l’ICM qui ont fait usage de la colchicine, d’autre part, ont été plus nombreux que ceux du groupe placebo à subir divers effets indésirables.

«Ce n’est pas quelque chose d’anodin. Ça peut donner des problèmes intestinaux et des diarrhées de façon significativement plus importante [que si on ne prend pas de la colchicine]», a souligné le président-directeur général de l’INESSS, Luc Boileau.

L’INESSS constate aussi un nombre plus élevé de cas d’embolies pulmonaires chez les patients ayant fait usage de ce médicament oral.

«L’embolie pulmonaire, c’était le signal le plus préoccupant. Les experts étaient unanimement préoccupés par cet événement-là, qui était inattendu», a soulevé Michèle de Guise.

«Si quelqu’un de ma famille avait la COVID, j’hésiterais à lui recommander l’administration [de la colchicine].» -Michèle de Guise, vice-présidente scientifique de l’INESSS

Les médecins appelés à la prudence

L’institut souligne en outre que les personnes âgées de 70 ans et plus ont représenté moins de 10% des participants à cette étude. Ce sont pourtant elles qui sont le plus à risque de subir une hospitalisation en raison de complications reliées à la COVID-19, voire d’en mourir.

L’INESSS ne recommande donc pas l’administration de la colchicine aux patients atteints de symptômes graves de la COVID-19. Elle n’a toutefois pas le pouvoir de l’interdire. 

«Le clinicien qui considèrerait néanmoins de prescrire un traitement de colchicine à la demande d’un patient devra faire preuve de prudence et bien vérifier la balance des bénéfices et des risques potentiels dans une décision partagée», a précisé Mme de Guise.

Dans un avis conjoint publié jeudi, le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des pharmaciens du Québec ont appelé leurs membres à «faire preuve d’une grande prudence s’ils considèrent prescrire de la colchicine à certains patients atteints de la COVID-19».

Plus de recherches nécessaires

L’organisation précise par ailleurs que sa position sur la colchicine pourrait évoluer, une fois que les résultats de l’étude Colcorona auront été révisés par les pairs et publiés dans une revue scientifique.

«Est-ce que la posture [de l’INESSS] pourrait changer? Oui. Mais il faudra attendre d’avoir plus de résultats», a conclu M. Boileau.

L’ICM n’a pas voulu réagir, jeudi, préférant d’abord prendre connaissance de la recommandation de l’INESSS.

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