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Deuxième dose de vaccin: «ils les ont utilisés comme des cobayes»

Une ambulance devant le CHSLD Maimonides, à Côte Saint-Luc
Une ambulance arrive au Centre Hospitalier Gériatrique Maimonides, à Côte-Saint-Luc. Photo: Josie Desmarais/Métro

L’heure est au soulagement à Maimonides, l’un des premiers CHSLD qui recevra les deuxièmes doses d’un vaccin. Mais la décision du gouvernement du Québec de la reporter en premier lieu génère toujours de l’incompréhension.

«Ils ont utilisé nos proches comme des cobayes!»

Joyce Shanks est membre du Comité de défense des familles de Maimonides. Début janvier, elle envoyait une mise en demeure au ministre de la Santé pour le forcer à reculer, lui qui avait confirmé quelques jours plus tôt que l’administration d’une deuxième dose devrait attendre trois mois.

Mercredi, Mme Shanks apprenait une bonne nouvelle lors du point de presse du gouvernement Legault. Même si Québec reporte de nouveau la deuxième dose, Maimonides et Saint-Antoine, les deux premiers CHSLD à accueillir des vaccins, ne devront qu’attendre à lundi.

«On le fait par exception. Les rendez-vous étaient prévus pour le début de la semaine prochaine», a précisé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, hier.

Un soulagement, convient Joyce Shanks, qui reproche tout de même à Québec d’avoir pris d’emblée cette décision.

«C’est frustrant, ce qu’on a vécu. Depuis le début, le gouvernement a utilisé nos proches. C’était comme une expérience, pour lui», souligne-t-elle.

Quels effets?

Pour le reste des CHSLD du Québec, l’attente entre deux doses du vaccin pourrait s’étirer à 16 semaines. Fille d’un résident de CHSLD, Joyce Shanks s’imagine bien la suite.

«C’est horrible, mais il va falloir qu’ils prennent leur mal en patience. On ne semble pas pouvoir gagner», lance-t-elle.

Le pari du gouvernement provincial est le suivant: rediriger des quantités de vaccins d’abord réservées pour des premières doses afin d’agrandir le bassin de vaccination.

«Ça va nous donner 250 000 personnes à l’intérieur de la tranche d’âge de 60 à 65 ans qu’on va être capable de vacciner», a argué mercredi le ministre Dubé.

Le défi de la Santé publique

Une question demeure, analyse l’expert gériatre Quoc Dinh Nguyen. Où tracer la ligne?

«Clairement, pour moi, vacciner les 70 ans et plus avec une première dose avant de donner la deuxième en CHSLD, ça se tient. Mais plus on descend dans les tranches d’âge, moins je suis convaincu», explique celui qui est chercheur investigateur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

«Disons que la deuxième dose amène 25% de protection supplémentaire. Ce 25%, pour moi, il est plus important chez une personne de 85 ans, qui est donc plus à risque, que la protection de la première dose chez quelqu’un de 55 ans.» – Quoc Dinh Nguyen, gériatre

Dans le contexte, Dr Nguyen invite Québec à adopter le principe de précaution et à offrir la deuxième dose en CHSLD «plus tôt que tard». Surtout, rappelle-t-il, que la population en CHSLD ne dépasse pas les 50 000 personnes.

Pour le moment, Québec a ouvert la porte à la vaccination dans la population générale des 70 ans et plus. Déjà, l’opération de masse est amorcée à Montréal.

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