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Deuxième dose du vaccin: Québec mis en demeure par des familles

Les chefs des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale (Paul Saint-Pierre Plamondon, Dominique Anglade, François Legault et Manon Massé) ont uni leurs voix mardi pour lancer un message à la population à la veille des Fêtes: respectez les consignes pour protéger le réseau de la santé. Photo: Josie Desmarais/Métro

Un groupe représentant des résidents du CHSLD Maimonides ont envoyé une mise en demeure au gouvernement Legault pour le presser de leur fournir la deuxième dose du vaccin contre la COVID-19 d’ici 72 heures.

Cette action émane du Comité de défense des familles du Centre hospitalier gériatrique Maimonides. Elle s’adresse spécifiquement au premier ministre du Québec, François Legault, ainsi qu’au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

Délai dans la vaccination

Des résidents et des employés de ce centre ont été parmi les premiers au Québec à recevoir les doses du vaccin contre la COVID-19 de Pfizer/BioNTech, à la mi-décembre.

L’entreprise a évalué à 95% l’efficacité de ce vaccin dans un contexte où les patients recevraient les deux doses de celui-ci à 21 jours d’intervalle. Les employés et résidents du CHSLD Maimonides s’attendaient donc à recevoir celle-ci dimanche dernier.

Or, Québec a changé le 31 décembre sa stratégie de vaccination en annulant les rendez-vous pris pour la deuxième injection afin de prioriser, dans un premier temps, l’injection d’une première dose du vaccin à un maximum de personnes parmi les groupes prioritaires. Les résidents des CHSLD ayant déjà reçu une première dose du vaccin ignorent donc maintenant quand ils recevront une deuxième dose.

«Cette mesure a pour objectif d’accélérer la vaccination des personnes vulnérables, dans le contexte actuel de propagation très élevée de la COVID-19 sur le territoire québécois», souligne le cabinet du ministre Christian Dubé, dans un courriel à Métro.

Mise en demeure

La mise en demeure, signée notamment par l’avocat Julius Grey, fait donc valoir que le gouvernement, en ne respectant pas les instructions de Pfizer, rompt aussi le «contrat» conclu avec les résidents vaccinés. Une telle façon de faire constitue «une violation des droits de toutes les personnes qui ont donné leur consentement», fait valoir le comité de défense, par voie de communiqué.

«Notre but, c’est vraiment que le gouvernement nous entende», lance à Métro Joyce Shanks, qui est membre du Comité de défense des familles de Maimonides. Elle souligne que plusieurs résidents ont envoyé des lettres au gouvernement Legault pour avoir des explications au sujet de ce délai dans la vaccination, en vain.

La mise en demeure exige donc que les deuxièmes doses du vaccin soient délivrées «dans les 72 heures à venir», sous peine d’une procédure en injonction de sauvegarde.

Depuis le début de la pandémie, des dizaines de résidents du CHLSLD Maimonides ont perdu la vie en raison de la COVID-19, tandis que plus de 200 résidents ont contracté la maladie.

«Le premier ministre François Legault dit qu’il faut donner le vaccin aux plus vulnérables […] Les vaccins devraient être dans nos bras et non pas dans des frigidaires.» -Joyce Shanks, membre du Comité de défense des familles de Maimonides

Quel impact sur l’efficacité du vaccin?

Le cabinet de François Legault et celui du ministre Christian Dubé n’ont pas voulu commenter spécifiquement cette mise en demeure. Les récentes modifications à la stratégie de vaccination contre la COVID-19 au Québec «relève d’une décision administrative de la Santé publique et non [du] politique», justifie le porte-parole du premier ministre, Ewan Sauves.

L’entreprise Pfizer rappelle néanmoins que l’efficacité de 95% qu’elle a déterminé pour son vaccin se base sur le principe que les patients reçoivent les deux doses dans une intervalle de 21 jours.

«L’innocuité et l’efficacité du vaccin n’ont pas été évaluées dans le cadre de schémas posologiques différents, puisque la majorité des participants à l’étude ont reçu la deuxième dose dans l’intervalle précisé dans le plan de l’étude», explique dans un courriel à Métro la directrice des affaires de l’entreprise à Pfizer Canada, Christina Antoniou.

«Je ne crois pas qu’un écart de quelques jours aura un impact sur l’efficacité du vaccin. Par contre, plus on s’éloigne de cet écart de trois semaines, plus on risque de diminuer l’efficacité du vaccin», analyse pour sa part l’expert en virologie et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, Benoit Barbeau, en entrevue à Métro.

«Plus on retarde la deuxième dose, plus ça va probablement affecter l’efficacité finale [du vaccin].» -Benoit Barbeau, expert en virologie à l’UQAM

La première dose du vaccin offre toutefois déjà une certaine protection contre le coronavirus à ceux qui la reçoivent, rappelle l’expert.

Hier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué que l’administration de la deuxième dose du vaccin de Pfizer/BioNTech pouvait accuser quelques semaines de retard dans des «circonstances exceptionnelles». Ce délai ne devrait toutefois pas excéder six semaines, selon l’OMS.

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