En 2023, Québec aura dépensé 21 G$ pour lutter contre la pandémie
Les échos de la pandémie résonneront longtemps dans les coffres du gouvernement provincial. En 2023, Québec aura dépensé des sommes de 21 G$ pour lutter contre la pandémie de la COVID-19 et relancer l’économie.
C’est là un des principaux constats du Vérificateur général (VGQ) dans un rapport d’étape déposé mercredi à l’Assemblée nationale.
L’organisme indépendant a d’ailleurs du pain sur la planche. Étant donné l’ampleur des sommes, et pour limiter les malversations, il souhaite auditer une bonne partie des mesures prévues sur cette période par le gouvernement de François Legault.
Dans ce court feuillet rendu public mercredi, le directeur général d’audit par intérim du VGQ, Alain Fortin, évalue qu’à la fin de l’exercice financier 2022-23, le gouvernement de François Legault aura déboursé «près de 21 milliards» pour acheter de l’équipement médical, voler au secours des entrepreneurs et planifier la relance. De ce total, 4 G$ provient du fédéral.
Dans deux ans, près de la moitié de la bourse calculée (8 G$) aura servi à soutenir le réseau de la santé. Des sommes de 4,3 G$ ont déjà permis l’achat de millions de pièces d’équipement de protection médical. Et ce total pourrait encore gonfler.
«Dans ses documents budgétaires, le ministère des Finances présente plutôt la consommation d’équipements prévue pour 2020-2021, soit une dépense estimée à 1,9 milliard de dollars», peut-on lire dans le rapport du VGQ.
Appels à surveiller les contrats
La situation est inquiétante, a affirmé mercredi la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, qui répondait aux questions des journalistes. «La préoccupation que nous avons, c’est qu’il y a énormément d’argent investi ici. Nous voulons nous assurer que les réserves d’équipement ont été correctement enregistrée et distribuée dans les établissements», a-t-elle indiqué.
Lors de la première vague de la pandémie, Québec en avait appelé à l’état d’urgence sanitaire pour permettre l’achat de matériel sans appel d’offre. Plus récemment, le gouvernement Legault a acheminé des centaines de milliers de masques de procédure dans les écoles, où ils sont devenus obligatoires.
Fin-janvier, l’opposition officielle avait pressé la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, de se pencher sur ces contrats gré à gré. Le dossier fera finalement l’objet d’un suivi serré au VGQ dans les prochains mois.
«C’est certain qu’en situation de crise, lorsqu’on a besoin immédiatement d’équipement, peut-être qu’on ne peut pas mettre en place tous les processus qui seraient nécessaires, a convenu Guylaine Leclerc, mercredi. Par contre, ce qu’on veut s’assurer, c’est qu’il y ait des contrôles qui aient été mis en place pour s’assurer qu’on avait le bon matériel et qu’on le payait à un prix qui était acceptable.»
Les maisons pour aînés à l’oeil
Par ailleurs, ce n’est pas seulement pour garnir les réserves d’équipement dans la lutte contre la pandémie que Québec a ouvert sa bourse. D’après les calculs du VGQ, Québec consacrera près de 3 G$ afin de devancer certains projets d’infrastructure.
Le printemps dernier, l’ex-président du Conseil du trésor – aujourd’hui ministre de la Santé –, Christian Dubé, faisait entendre ses intentions d’accélérer certains grands projets par le biais du projet de loi 61.
Rejeté en bloc par les groupes d’oppositions et plusieurs organismes, le PL61 a été recyclé à l’automne par la nouvelle présidente au Trésor, Sonia LeBel. Adopté en décembre, le nouveau projet de loi 66 vise l’accélération de 180 projets.
Le VGQ compte s’attarder aux projets d’hébergement de longue durée contenus dans le PL66. Ses équipes auditeront notamment l’avancement des maisons pour aînés.
«Est-ce qu’on a encore besoin d’autant de CHSLD et de maisons des aînés. C’est quelque chose qu’on va regarder», a signifié la vérificatrice générale mercredi. Dans le cadre du projet de loi 66, Québec souhaite «accélérer» la construction ou la réfection d’une soixantaine de maisons pour aînés et de CHSLD.