Des travaux 85% plus chers à Montréal
Guy Desrosiers, analyste de la commission Charbonneau a démontré lundi matin que certains travaux pouvaient coûter jusqu’à 85,5% plus cher à Montréal que les mêmes types de travaux ailleurs au Québec. Et une large part de ces dépassements s’explique par le laxisme de la Ville.
Depuis 1997, la sonnette d’alarme avait été tirée par le vérificateur général de la Ville qui mettait en garde face à un marché de plus en plus fermé. En tout, six rapports en viennent essentiellement aux mêmes conclusions… jusqu’en 2010.
Ainsi, les problèmes ont persisté en dépit de toutes les nombreuses recommandations identifiant les mêmes problèmes, a expliqué M. Desrosiers.
Un de ces rapports précise même qu’une part de 63% des prix gonflés s’explique par des éléments tangibles sur lesquels la Ville a un contrôle. Bref, la Ville avait le pouvoir d’agir pour corriger la situation, mais rien n’a été fait.
Par exemple, les prix des travaux étaient évalués dans un contexte hivernal. Des travaux en hiver coûtent plus cher qu’en été. Le hic est que, même lorsque les travaux étaient réalisés en août, l’évaluation du prix n’était pas ajustée en conséquence.
Il ne s’agissait pas d’obscurs rapports secrets. Les rapports de 1997 et 2001 émanant du vérificateur général ont été remis au conseil municipal. Ceux de 2004, 2006 et 2010 ont été remis au Service des Infrastructures du Transport et de l’Environnement.
Les départements visés, celui de la voirie (routes, trottoirs) et de l’hydraulique (aqueducs et égouts) étaient donc au courant. En 2006, une lettre est même adressée directement au directeur général de la Ville de Montréal, Claude Léger.
Par contre, plutôt que de corriger la situation, on constate que la Ville s’est appliquée à reformuler les phrases d’un rapport de 2009 pour en atténuer la portée dans une nouvelle version en 2010.
Il sera donc impossible pour le témoin suivant Robert Marcil, ancien directeur à la Réalisation des travaux, de justifier son inaction par le fait qu’il n’était pas au courant de la situation.
Outre Robert Marcil, l’ancien Directeur général Claude Léger sera également entendu. Il avait été forcé de quitter ses fonctions en 2009 à la suite du scandale des compteurs d’eau. Il est aujourd’hui un des dirigeants de la firme de gestion de projet Macogep, qui obtient de nombreux contrats avec la Ville de Montréal.