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4e poursuite au civil: 1,3 M$ réclamés à Gilbert Rozon

Annick Charette
Annick Charette, la plaignante dans le procès de Gilbert Rozon. Photo: Josie Desmarais/Métro

Une quatrième poursuite civile est déposée contre l’ex-magnat de l’humour, Gilbert Rozon. Cette fois, c’est Annick Charette, la témoin du procès au criminel pour lequel il avait été acquitté en raison d’un doute raisonnable, qui est la poursuivante.

Mme Charette réclame une somme de 1,3 M$, dont 1 M$ à titre de dommages punitifs. En plus de l’avoir agressée sexuellement, Gilbert Rozon aurait atteint «la sûreté, l’intégrité et la dignité» de la présumée victime.

«Les mensonges éhontés de M. Rozon lors du procès criminel auraient aggravé l’atteinte à l’intégrité et à la dignité de la présumée victime», plaide-t-on dans la demande introductive d’instance consultée par Métro

Le reste du montant réclamé, 300 000$, correspond à des dommages moraux. 

Versions diamétralement opposées

Les deux partis impliqués ont décrit la soirée où se seraient déroulés les faits, en 1980, de manière contradictoire.

Mme Charettte assure avoir été violée à sa sortie d’une discothèque. Le créateur de Juste pour rire l’aurait emmené dans une maison, où il aurait multiplié les avances. La présumée victime les auraient refusé, au point de se débattre. 

Le lendemain matin, Mme Charette se serait réveillé en constatant que M. Rozon était sur elle, dans l’intention d’avoir une relation sexuelle. «Elle n’est pas plus consentante que la veille, mais ne parvient pas à mobiliser l’énergie et la force qu’elle avait eues quelques heures plus tôt pour le repousser», explique-t-on dans la requête. 

Dans sa version, Gilbert Rozon estime être lui-même la victime. Alors qu’il dormait, Mme Charette se serait jetée sur lui. Il aurait simplement décidé de se «laisser faire».

La juge de la Cour du Québec, Mélanie Hébert, a cru la version de Mme Charette. Par contre, celle de M. Rozon suffisait pour soulever un doute raisonnable, et ce faisant, pour l’innocenter. 

«L’analyse du témoignage de M. Rozon révèle qu’il est plausible et qu’il est exempt de contradictions susceptibles d’en affecter la crédibilité ou la fiabilité», avait-on tranché dans un jugement de 30 pages.

Cette notion de doute raisonnable ne pourra être utilisé dans la présente poursuite. Effectivement, au civil, le juge examinera les versions des deux partis, et donnera raison à la plus crédible. M. Rozon ne risquera toutefois aucune peine d’emprisonnement.

«Mensonge» et «humiliation»

Gilbert Rozon «aurait menti non seulement en niant la version de la demanderesse, mais également en inventant de toutes pièces un scénario qui inversait les rôles», plaide Mme Charette dans la demande déposée mercredi au Palais de justice de Montréal

Annick Charette explique avoir «vécu cet épisode comme un deuxième viol et en a subi un préjudice important.»

«Depuis le viol, elle vit avec une cicatrice à l’intérieur d’elle-même, et cette cicatrice ne disparaîtra jamais complètement.»

Extrait de la demande introductive d’instance

Quatorze plaintes criminelles visaient Gilbert Rozon. Seule celle de Mme Charette a été retenue. Au cours des deux derniers mois, trois autres victimes, Patricia Tulasne, Lyne Charlebois et Danie Frenette, l’ont poursuivi au civil.

Un regroupement de présumées victimes de M. Rozon, Les Courageuses, avait tenté une action collective à son égard. Celle-ci a échoué, puisque le tribunal considère qu’elles devaient entamer des poursuites individuelles.

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