Guy Lafleur, l’idole d’un peuple
«C’était un gars renfermé, surtout à ses débuts. Il préférait s’exprimer sur la glace plutôt que devant les micros.»
Michel Vigneault, chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et historien du sport et du hockey, se souvient de Guy Lafleur comme un homme introverti, humble et authentique.
Sur la glace, ce flamboyant hockeyeur était plus grand que nature, mais dès qu’il déchaussait ses patins, il redevenait un simple Québécois. Un citoyen qu’on pouvait croiser à l’épicerie du coin, un superhéros sans sa cape ni son masque.
«Il aimait le monde. Il aimait discuter un à un ou en petit groupe, mais il n’aimait pas les bains de foule», rappelle Michel Vigneault.
La légende raconte que le célèbre numéro 10 se rendait à Québec entre ses matchs pour recharger les batteries et fuir la folie du marché montréalais.
Une folie bien présente.
Un destin lié à celui de Jean Béliveau
En 1971, un certain Jean Béliveau décide d’accrocher ses patins, mettant un terme à un des cycles les plus fastes de l’histoire du Tricolore.
Cette même année, le Canadien de Montréal obtient le tout premier choix du repêchage de la Ligue nationale de hockey (LNH) et jette son dévolu sur Guy Lafleur, jeune prodige des Remparts de Québec.
C’est à ce moment que les comparaisons avec Jean Béliveau fusent.
Lafleur portait le numéro 4 à Québec en hommage à son idole de jeunesse, Jean Béliveau.
Les deux ont joué leur hockey junior à Québec.
Les deux avaient un charisme indéniable.
Les deux étaient des hockeyeurs redoutables et adulés.
Au début des années 70, le public montréalais n’attendait qu’une chose de Guy Lafleur: qu’il soit le successeur du grand Jean Béliveau. Qu’il devienne le nouveau visage du club de hockey le plus prestigieux au monde.
Rien de moins.
«À l’époque, c’est la supervedette qu’on attend. Il avait tellement de pression sur les épaules», soutient Michel Vigneault.
«Les premières années quand Lafleur jouait au Forum, je me rappelle que la foule criait “Choux Fleur!” Parce qu’il n’était pas assez bon aux yeux des amateurs. Il avait marqué 29 buts à sa première saison, mais les gens espéraient beaucoup plus.»
«Ça lui a pris quelques années avant de s’adapter au style de la Ligue nationale.»
Trois ans pour être exact.
Le Démon blond
«Ça a changé quand il a décidé d’enlever son casque», soutient l’historien du hockey.
«Les trois premières saisons, il jouait avec un casque. Quand il l’a enlevé, ses statistiques ont explosé.»
En effet, à sa quatrième saison avec le Canadien, il récolte sa première saison de 50 buts en plus d’enregistrer 119 points en 70 rencontres.
C’est avec sa chevelure blonde au vent qu’il marque l’imaginaire collectif. Et qu’il marque des buts.
Il connaît six saisons de suite avec au moins 50 buts, et obtient le plus grand nombre de points pour un joueur du CH en saison régulière avec 136, durant la saison 1976-1977.
Lafleur était reconnu pour son coup de patin fluide, sa vision du jeu surdéveloppée et son lancer frappé foudroyant.
Il conclut sa carrière dans l’uniforme des Nordiques, mais demeure à ce jour le pointeur le plus prolifique de l’histoire du Canadien de Montréal avec une récolte de 1246 points.
«Voir un Québécois qui dominait la LNH avec autant de panache, voir un des nôtres briller avec autant de succès, c’était une source immense de fierté», a mentionné François Legault sur son compte Twitter.
Le gouvernement du Québec a d’ailleurs offert la possibilité de tenir des funérailles nationales, si la famille Lafleur le désire. Un registre des condoléances a également été ouvert et tous les Québécois sont invités à rendre hommage au célèbre numéro 10.
Le Québec pleure aujourd’hui l’idole d’un peuple, mais les légendes, elles, ne meurent jamais.