Des immigrants sans statut demandent leur régularisation à Ottawa
Ils viennent du Nigéria, de la Guinée, de l’Algérie, du Mexique, de l’Inde, du Pakistan, de la Mauritanie ou du Congo. Ils ont en commun une chose: ils sont tous en situation irrégulière au Québec, où ils souhaitent s’installer. Le groupe d’une soixantaine d’immigrants est parti de Montréal en direction d’Ottawa sous la bannière de l’organisme Solidarité sans frontières dans l’espoir d’obtenir du gouvernement fédéral la régularisation de leur statut.
Le ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté prépare un programme afin de régulariser le statut de personnes déjà présentes en sol canadien, mais qui ont perdu leur statut. Récemment, Ottawa avait annoncé vouloir accueillir 500 000 immigrants par an d’ici 2025.
Il y aurait entre 20 000 et 500 000 personnes dans cette situation, selon des estimations du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de la Chambre des communes (CIMM). Le groupe Solidarité sans frontières réclame la régularisation sans seuil, sans exclusion et sans délai de tous les sans-papiers.
«Nous ne pouvons pas attendre», fait tomber Samira Jasmin, porte-parole de l’organisme Solidarité sans frontières. «Nous demandons que les détentions et des déportations cessent immédiatement afin d’assurer la sécurité de nos communautés», lance-t-elle.
S’il est difficile de savoir combien de personnes sont présentes de façon irrégulière au Canada, leurs situations peuvent aussi être très diverses. Certaines sont arrivées avec un visa de touriste, d’autres avec un permis de travail non renouvelé. D’autres, qui sont en route vers Ottawa, sont sous la menace d’un avis d’expulsion.
Une demande au provincial
«Nous serons rejoints par d’autres migrants de partout au Canada malgré le risque du voyage», souligne Mme Jasmin. Le groupe Solidarité sans frontières qu’elle représente demande au ministre Fraser de créer un programme de régularisation «inclusif, sans exception et sans discrimination».
Aux côtés du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), l’organisme avait réclamé une prise de position fédérale lors d’une manifestation le 6 novembre dernier. De nombreux demandeurs disent être prêts à travailler, la plupart ayant d’ailleurs déjà bénéficié d’une expérience comme travailleurs temporaires. Mais leur demande de résidence permanente n’a pas abouti.
«La régularisation augmentera considérablement le nombre de personnes pouvant prétendre à l’emploi. Cela constituerait une solution pour pallier la pénurie de main-d’œuvre», abonde Lionel Destin, l’un des demandeurs. «Chaque migrant au Canada mérite une vie digne», ajoute Maria.
Les députés solidaires Andrés Fontecilla et Alejandra Zaga Mendez se sont alliés au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) pour demander au gouvernement québécois la mise en place d’un programme de régularisation des personnes immigrantes sans statut.
Est-ce que le gouvernement Legault serait prêt à approuver le plan d’Ottawa pour la régularisation des sans-papiers? «On est ouvert à regarder avec le fédéral», avance le cabinet de Christine Fréchette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Cela dépendra des conditions du plan, et il faudra notamment prendre en compte «la situation particulière du Québec». «Pour l’instant, on n’a rien vu.»