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Un bar au coeur de la tragédie ferroviaire

Andy Blatchford et Peter Rakobowchuk - La Presse Canadienne

LAC-MÉGANTIC, Qc – Pour plusieurs adultes de cette petite municipalité du Québec, c’était un endroit où on pouvait consommer des bières importées, écouter de la musique ‘live’ et profiter de l’ambiance amicale.

Le Musi-Café est désormais reconnu bien au-delà des limites de Lac-Mégantic pour diverses raisons — notamment comme étant l’épicentre du désastre.

Des résidants du secteur croient que c’est l’endroit où plusieurs de leurs voisins, qui sont maintenant portés disparus, ont été vus en vie pour la dernière fois. Des témoins ont indiqué que des dizaines de personnes se trouvaient au bar tôt samedi matin, au moment où le train qui transportait du pétrole brut a déraillé du chemin de fer situé à proximité.

L’accident a instantanément engendré une explosion gigantesque similaire à une boule de feu qui a dévasté le bâtiment — un brasier qui a fait les manchettes à travers le monde.

Un des clients a dit que le sol s’était mis à trembler. Il a ajouté qu’il était sorti de l’établissement et, alors qu’il se précipitait pour se mettre à l’abri, n’a jamais pu retourner à sa voiture.

«Quand je suis sorti du bar, j’ai vraiment senti la chaleur se dégager du brasier et j’ai juste couru, et couru… 100 mètres», a déclaré Maxime Picard, qui est âgé de 29 ans.

«J’ai regardé derrière moi et j’ai vu ma voiture en flammes.»

«Quelques secondes plus tard, je l’ai perdue de vue. Les flammes provenaient du coeur du centre-ville…C’était complètement fou.»

Il a précisé qu’il y avait environ 20 personnes à l’intérieur du bar, et plusieurs autres sur la terrasse extérieure.

Un autre témoin a mentionné que les personnes présentes sur la terrasse avaient de biens meilleures chances de s’en tirer saines et sauves.

Un employé en congé qui se trouvait au bar, cette soirée-là, a déclaré que les clients qui étaient sur la terrasse extérieure ont pu trouver un refuge.

Il croit cependant que la plupart des clients à l’intérieur n’ont pas eu la même chance qu’eux.

Plusieurs personnes qui se sont décrites comme étant des amis et des connaissances des personnes portées disparues ont confié que plusieurs d’entre elles étaient censées être au pub cette soirée-là.

Le bar était situé à environ 50 mètres du chemin de fer.

Des personnes se sont retrouvées au Musi-Café quelques heures avant l’accident — attirées sans doute par cette belle nuit d’été, deux spectacles musicaux populaires et au moins deux fêtes d’anniversaire.

David Vachon, qui a reçu une invitation pour l’une de ces fêtes d’anniversaire, a décidé de ne pas y aller.

Même s’il se qualifie de client régulier de l’établissement, il a indiqué qu’il était trop fatigué pour s’y rendre après avoir passé la soirée précédente au même endroit.

M. Vachon a mentionné que personne n’avait reçu de nouvelle d’un ami qui soulignait son anniversaire, ou de l’épouse de cet homme.

«Nous n’avons pas reçu beaucoup de nouvelles des personnes qui se trouvaient à l’intérieur du bar», a-t-il dit.

«Je connaissais la majorité d’entre elles, environ 15 d’entre elles sont portées disparues… C’est terrible.»

Jolyane Giroux était elle aussi absente du Musi-Café le soir de la tragédie, mais elle a précisé qu’elle connaissait probablement toutes les personnes qui s’y trouvaient — selon elle, une majorité d’entre elles n’ont pas donné de signe de vie depuis ce temps.

«Ce ne sont pas mes soeurs, ce ne sont pas des membres de ma famille, mais ce sont mes amis», a déclaré Mme Giroux, qui se trouvait à l’extérieur de l’abri offert aux personnes évacuées de cette communauté tissée serrée d’environ 6000 âmes.

Mme Giroux a mentionné que la variété de produits offerts par le bar attirait une clientèle diversifiée, allant de 20 à 60 ans. Un autre client régulier, Kevin Houle, appréciait la nourriture du Musi-Café, dont les nachos et la fondue au chocolat.

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