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Pour une charte de la neutralité des communications gouvernementales

«Ces publicités sont clairement de la propagande électorale payée à même les fonds publics à quelques mois d’une élection générale.» C’était les paroles accusatrices que Bertrand St-Arnaud, aujourd’hui ministre de la Justice, adressait aux libéraux il n’y a pas beaucoup plus d’un an. Au cœur de la crise étudiante, le gouvernement avait en effet procédé à une vaste campagne publicitaire radio, télé, web, afin de vendre sa hausse des frais de scolarité à la population pour la modique somme de 866 000 $.

Hier, le PQ admettait avoir à son tour englouti 1,9 M$ dans une entreprise publicitaire visant à expliquer aux Québécois le bien-fondé de sa charte. Publicité télé, site internet 1.0 – grâce auquel vous pourrez lancer votre opinion dans l’univers, puisque personne, sauf le ministre et quelques fonctionnaires ne portant pas la kippa, n’aura le loisir de la consulter –, et dépliants distribués pour expliquer, à l’aide de pictogrammes, le code vestimentaire acceptable dans la fonction publique.

Tout ça alors que la charte en question n’est pas adoptée, qu’elle n’a pas passé l’épreuve de la démocratie, que son caractère constitutionnel n’a pas encore été validé et qu’un profond désaccord divise les Québécois à son sujet.

«On veut la faire adopter, cette Charte. C’est pour ça qu’on tient autant à informer les Québécois. Une fois qu’ils seront informés, on veut qu’ils nous aident à la faire adopter», avouait candidement le minis­tre Bernard Drainville en entrevue au Journal de Québec.

N’est-ce pas là l’admission d’une opération de propagande visant à convaincre l’électorat d’adhérer à la position d’un parti et à voter pour lui s’il est défait? Payée à même les fonds publics? Et tout cela – si l’on en juge par les réactions des partis d’opposition à la proposition du gouvernement – à quelques mois d’une élection générale?

S’il y a une loi qui régit la publicité gouvernementale au Québec, force est de constater qu’elle aurait besoin qu’on lui serre la vis. Sinon, eh bien, il y aura toujours les partis d’opposition pour nous le signaler, quand des «publicités sont clairement de la propagande électorale payée à même les fonds publics à quelques mois d’une élection générale».

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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