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Le Québec et l'Ontario sont restés sur leur faim après le dîner chez Harper

Par Karine Fortin, LA PRESSE CANADIENNE

OTTAWA – Le Québec et l’Ontario qui abritent le coeur de l’industrie manufacturière canadienne sont restés sur leur appétit, vendredi, en dépit d’un « excellent repas » de famille à la résidence officielle du premier ministre Stephen Harper.

La discussion à huis clos entre les 14 chefs de gouvernement du pays a porté essentiellement sur l’économie. La réforme du Sénat – un sujet cher à M. Harper – n’a occupé que cinq minutes à la fin du repas, a indiqué le président du Conseil de la fédération, Shawn Graham.

En dépit de leurs efforts, il semble toutefois que les premiers ministres n’aient pas réussi à s’entendre sur les mesures à prendre pour aider les secteurs en difficulté et assurer la prospérité continue de toutes les régions du Canada.

L’Ontarien Dalton McGuinty s’est montré clairement déçu de sa soirée. D’après lui, Stephen Harper n’a aucunement l’intention de réformer l’assurance-emploi, d’agir en véritable partenaire des entreprises ou de proposer autre chose que des baisses d’impôt. « C’est une affaire de philosophie », a-t-il résumé.

Le premier ministre de la province la plus populeuse du pays refuse toutefois de baisser les bras. « Nous allons aller de l’avant seuls. Nous allons faire ce que nous pouvons seuls », a-t-il insisté, lors d’un point de presse après le souper.

Jean Charest n’était pas beaucoup plus enthousiaste. Ses efforts pour convaincre Stephen Harper de rendre disponible dès maintenant le milliard destiné aux travailleurs et aux communautés en crise sont restés vains.

La fiducie communautaire, dont la création a été annoncée jeudi, ne verra donc le jour qu’au lendemain du prochain budget fédéral, s’il est adopté.

Qualifiant le dialogue de la soirée de « productif », certaines provinces, dont la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick, ont indiqué qu’elles entendaient néanmoins commencer à financer des projets dès maintenant, en se croisant les doigts.

Ce n’est pas le cas du Québec. Un porte-parole du cabinet du premier ministre a en effet déclaré qu' »on n’est pas rendus là ».

Depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs, il y a deux ans, il n’y a eu que deux rencontres entre Ottawa, les provinces et les territoires, et aucun sommet formel comme ceux tenus à intervalle régulier par les gouvernements précédents.

Vendredi, plusieurs premiers ministres ont dit souhaiter des réunions plus fréquentes – et mieux planifiées – qui permettraient de faire avancer les choses.

En après-midi, Danny Williams, de Terre-Neuve-et-Labrador, se plaignait d’avoir été tenu dans l’ignorance quant à l’ordre du jour du repas et soulignait que tout avait été mis en place pour que l’événement de vendredi ait le moins d’impact possible. « Je vais faire preuve d’ouverture, mais je n’aime pas la manière dont les premiers ministres ont été poussés dans cette situation », confiait-il avant la réunion du Conseil de la fédération.

« Il n’y a pas eu de préparatifs entre les gouvernements et les bureaucrates et nous serons sortis de là avant le film de fin de soirée. Comment peut-on travailler de cette manière? », s’était-il exclamé.

Le bon vin et la gastronomie canadienne ne l’ont vraisemblablement pas fait changer d’avis. A la différence de ses collègues, il a même refusé de rencontrer les médias en fin de soirée.

Le premier ministre Harper n’a pas non plus accordé d’entrevues après la réception. Dans un communiqué, il s’est toutefois montré heureux de ce qu’il a qualifié de « discussions constructives » à table. « Nous voulons que notre grand pays continue de faire des progrès et que toutes ses régions y contribuent pleinement. Il est donc essentiel que tous les ordres de gouvernement au Canada travaillent ensemble en ce sens, dans un esprit de fédéralisme d’ouverture, pour garantir les conditions propices à la réussite économique du pays », a-t-il déclaré.

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