Le référendum vole la vedette durant le débat
La question d’un référendum a monopolisé les échanges durant le débat des chefs, jeudi, la chef du Parti québécois Pauline Marois niant vouloir tenir une consultation sur la souveraineté du Québec dans un premier mandat.
Dès le lancement des hostilités, le leader de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a accusé péquistes et libéraux d’être «déconnectés» en insistant pour parler de référendum.
Comme pour lui donner raison, la chef du PQ et le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) ont martelé leur position sur la question. «Il n’y aura pas de référendum», a clamé Pauline Marois. «Le Parti québécois est occupé à préparer un référendum», a répliqué Philippe Couillard. La table était mise.
C’est sur cet épineux dossier référendaire, qui a fait mal au PQ dans les sondages au cours des deux premières semaines de campagne électorale, que Mme Marois a été la plus ferme. «Nous ne bousculerons pas les Québécois», a-t-elle déclaré à maintes reprises, talonnée par MM. Couillard et Legault.
La coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a été la seule à affirmer sans détour sa pleine adhésion au projet souverainiste tout au long du débat.
Le chef libéral a quant à lui évité la délicate question de la Constitution en parlant d’économie. «Moi, j’ai peur du chômage», a affirmé M. Couillard, lorsque l’animateur de Radio-Canada Sébastien Bovet lui a demandé d’expliquer les craintes qui justifiaient ses nombreuses volte-face sur une éventuelle signature de la Constitution canadienne par le Québec.
Il a néanmoins su rappeler l’ambivalence de la position de François Legault, ex-péquiste, sur la souveraineté du Québec. «Vous êtes un souverainiste en moratoire», a lancé M. Couillard.
L’arrivée en politique du propriétaire de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a occupé une bonne partie du débat, les trois adversaires de la chef péquiste décrivant la candidature comme un manque de jugement. «Ça m’apparaît d’une évidence crasse que quelqu’un qui détient 40 % des médias doive vendre ses actions», a dit Mme David.
Devant le tir groupé de ses rivaux, Pauline Marois a eu du mal à défendre le recrutement de PKP et a esquivé la question en tentant plutôt de parler d’indépendance journalistique.
La leader péquiste a toutefois eu le dessus sur Philippe Couillard sur la question de la charte des valeurs. «Une seule femme a perdu son travail au Québec en raison de la charte, et c’est Fatima Houda-Pepin», a lancé Mme Marois, en référence à la députée de La Pinière, expulsée du caucus libéral en raison de son désaccord sur la question du port de symboles religieux dans la fonction publique.
L’exploitation du pétrole a également divisé les candidats, Mme David s’y opposant fermement, Mme Marois vantant son initiative d’explorer les gisements de l’île d’Anticosti. «Vous ne pouvez pas jouer l’argent des contribuables à la loterie», a répliqué Philippe Couillard, minimisant le potentiel pétrolier d’Anticosti.
Le chef de la CAQ s’en est pris, lui, au gouvernement Marois au sujet de l’investissement dans la cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie. «J’aime les Gaspésiens, mais j’aime pas le gaspillage!» a tonné M. Legault, qui n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler à quelques reprises son passé d’hommes d’affaires au sein d’Air Transat.
L’argument économique de M. Couillard a essentiellement consisté à répéter que «les coffres de l’État sont vides» et qu’il fallait créer de l’emploi.
Ils ont dit: réactions au débat
- «On ne pourrait pas être plus clair. J’ai clarifié mes intentions pour empêcher l’opposition de manipuler l’information.» -Pauline Marois, chef du Parti québécois
- «C’est l’article numéro un de leur programme. Elle [Mme Marois] a peur de le dire, qu’elle prépare les Québécois à un référendum.» -Philippe Couillard, chef du Parti libéral du Québec
- «Je connais assez le Parti québécois pour savoir qu’il y en a qui vont pousser pour un référendum.» -François Legault, chef de la Coalition avenir Québec
- «Ce soir, je pense que bien des gens ont compris qu’il y avait une souverainiste qui osait dire que, dès un premier mandat, elle consulterait la population. C’est moi ça.» -François David, co-porte-parole de Québec solidaire