Vieillir les enfants disparus
L’organisme québécois Enfant-Retour compte actuellement 95 dossiers de jeunes disparus, dont le plus ancien est ouvert depuis 60 ans. Pour essayer d’imaginer à quoi ces enfants pourraient ressembler aujourd’hui, la Gendarmerie royale du Canada peut notamment compter sur le sergent Michel Fournier, spécialiste de l’identification faciale. À l’occasion de la Journée mondiale de prévention des enlèvements d’enfants, Métro s’est entretenu avec M. Fournier.
Quelles sont les étapes à suivre pour établir un portrait vieilli?
Quand on fait de la progression en âge, que ce soit pour un adulte ou un enfant, on a d’abord besoin de photos de la personne disparue, mais aussi de ses parents et de ses frères et sœurs, s’il en a. On essaie alors de voir si l’enfant ressemble plus à son père ou à sa mère. En ayant des photos nous aidant à mesurer comment les traits des parents ont évolué avec le temps, on peut imaginer la progression faciale de l’enfant. On essaie aussi de savoir s’il était actif ou pas afin de voir comment a pu évoluer sa morphologie et s’il suivait les tendances en matière de mode et de styles de coiffure.
Utilisez-vous ensuite des logiciels?
Si on a de bonnes photos au départ, je vais utiliser Photoshop. Cela ne fait pas le travail à ma place, mais je me sers des outils pour, par exemple, ajouter des rides. Mais si on a peu de matériel de base, je vais plutôt faire un dessin à main levée. Ce type de portrait, ça fonctionne un peu comme la caricature dans les pages du journal, les gens doivent faire un plus grand exercice mental de rapprochement.
Y a-t-il un de vos portraits qui a été particulièrement efficace?
Il y a quelques d’années, en collaboration avec mon collègue d’Ottawa, on avait fait des progressions en âge d’environ quatre ans pour deux enfants d’une même famille qui avaient disparu. Quand ceux-ci ont été retrouvés, la ressemblance était frappante, même si le garçon était un peu plus rond, car pendant sa période de disparition, il avait été confiné à l’intérieur alors qu’avant, il était très actif.