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Pont Champlain: «bordel» en vue, prévient Mulcair

Photo: Graham Hughes

OTTAWA – Le gouvernement Harper s’est attiré les foudres de l’opposition à Ottawa en raison de sa décision de dissimuler un rapport sur les effets du péage sur le nouveau pont Champlain.

Selon le document obtenu par Radio-Canada, l’imposition d’un droit de passage sur la nouvelle traversée aurait des répercussions considérables sur l’achalandage des autres ponts qui enjambent le fleuve Saint-Laurent.

«C’est incroyablement malhonnête des conservateurs d’avoir caché l’étude sur le pont Champlain, et nous, on leur demande au moins de prendre acte du bordel qu’ils vont causer dans la communauté, pour les familles, dans les entreprises et pour l’environnement», a martelé le chef néo-démocrate Thomas Mulcair en point de presse.

Son adversaire libéral Justin Trudeau a lui aussi dénoncé l’attitude du gouvernement dans ce dossier lorsqu’il s’est adressé aux journalistes à l’issue de la période de questions, mardi après-midi.

«Le gouvernement sait très bien que leur proposition de péage créerait un achalandage monstre sur les autres ponts», a-t-il laissé tomber.

«C’est pour ça que nous sommes contre un péage pour un pont dont on ne connaît même pas le plan, et le premier ministre devrait dévoiler ce plan de façon responsable», a ajouté le député de Papineau.

Quelques instants auparavant, à la Chambre des communes, les deux leaders avaient demandé au premier ministre Stephen Harper pour quelle raison le rapport n’avait pas été rendu public.

Le chef conservateur s’est contenté de répondre qu’il était «encouragé de voir qu’il y a des études sur tous les sujets liés à ce pont» et a félicité au passage le travail de son ministre de l’Infrastructure, Denis Lebel.

Ce dernier n’était pas disponible pour répondre aux questions des journalistes, mardi. Son attaché de presse a fait suivre par courriel une déclaration dans laquelle M. Lebal plaide que l’étude est demeurée confidentielle afin «de ne pas compromettre le processus compétitif d’appel d’offres».

En imposant sur le nouveau pont Champlain un péage équivalent au tarif de l’autoroute 25, à Laval, environ le quart des véhicules — près de 30 000 de plus — emprunteraient d’autres traversées en 2021, d’après les informations contenues dans l’étude obtenue par la société d’État.

Selon le sondage inclus dans le rapport, dont la méthodologie a été remise en question par des experts interrogés par Radio-Canada, 56 pour cent des répondants seraient favorables au péage tandis que 32 pour cent s’y opposeraient.

Le son de cloche est tout autre sur le terrain, a assuré mardi le porte-parole néo-démocrate en matière de Transports, Hoang Mai. Le député représente la circonscription de Brossard-La Prairie, où se trouve l’embouchure sud de la structure.

Il estime que le ministre Lebel fait preuve d’entêtement dans ce dossier et lui reproche n’avoir laissé filtrer «aucune information» sur les détails financiers du projet, mis à part son coût global.

Le fédéral devrait faire un effort de concertation plutôt que d’imposer sa loi, selon M. Mai, rappelant que les maires des municipalités environnantes et le gouvernement du Québec s’opposent aussi farouchement à l’instauration d’un péage.

Le directeur parlementaire du budget rendra public mercredi un rapport sur la construction du nouveau pont. L’étude a été produite à la demande du NPD.

Selon l’échéancier fixé par le gouvernement fédéral, les premières voitures devraient rouler sur le nouveau pont Champlain à compter de 2018. Le coût projeté du chantier oscille entre 3 et 5 milliards $.

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