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Jean-Marc Fournier évoque un Parti Québecor

Photo: Archives Métro
Alexandre Robillard - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Le leader parlementaire du gouvernement Jean-Marc Fournier a évoqué mercredi les risques de transformation du Parti québécois en «Parti Québecor», à la suite d’une éventuelle élection de Pierre Karl Péladeau comme chef de la formation.

Alors que le premier tour de scrutin a commencé mercredi matin, M. Fournier a affirmé que la course à la direction du PQ n’a pas permis de diminuer cette probabilité.

En se rendant à la période des questions, à l’Assemblée nationale, M. Fournier a estimé que le problème relié à la situation de M. Péladeau, actionnaire de contrôle de Québecor, demeure entier.

Selon M. Fournier, même dans les rangs péquistes, des craintes demeurent quant aux risques de conflits d’intérêts et de transformation que le PQ pourrait subir en raison de la situation de M. Péladeau, favori dans la course.

«Le problème de la nature et de l’ampleur des intérêts de M. Péladeau reste entier, a-t-il dit. Et ce n’est pas mon avis qui compte là-dedans, c’est les péquistes eux-mêmes qui, pour plusieurs d’entre eux, s’inquiètent de la conclusion de ce vote, que le Parti québécois devienne le Parti Québecor.»

Le vote des membres, qui peuvent se prononcer par Internet et par téléphone, a commencé mercredi matin et se poursuivra jusqu’à vendredi 17h. Les résultats de ce premier tour de scrutin seront connus vendredi en soirée.

Mercredi, M. Fournier a affirmé que les membres sont libres d’élire M. Péladeau, malgré les questions qui demeurent concernant les risques de conflits d’intérêts avec Québecor.

«C’est à eux de voter, a-t-il dit aux journalistes. S’ils veulent transformer le Parti québécois en Parti Québecor, ça leur appartient à eux.»

En se rendant à une réunion des députés péquistes, M. Péladeau a mis les propos de M. Fournier sur le compte de l’inquiétude.

«On sent du côté des libéraux quelques obsessions, l’austérité et là maintenant c’est Péladeau, a-t-il dit. Je sens chez eux une grande inquiétude.»

Constatant lui aussi «l’obsession» de M. Fournier, le chef intérimaire péquiste Stéphane Bédard a rappelé que M. Péladeau s’est engagé à placer volontairement ses actifs en fiducie s’il devient chef, une contrainte qui n’est exigée que des membres du gouvernement.

«On va être au-dessus de toutes les normes qui sont prévues actuellement et c’est ça je crois l’engagement qu’on a envers la population», a-t-il dit.

La candidate Martine Ouellet, qui espère un deuxième tour de scrutin, n’a pas apprécié que M. Fournier concède aussi rapidement la victoire à M. Péladeau.

«Je trouve ça un petit peu déplacé de sa part, a-t-elle dit. Le résultat n’est même pas sorti. Je lui dirais d’attendre le résultat avant de présumer du résultat. Depuis quand on déclare le résultat de l’élection avant que le vote soit terminé.»

Mardi, Mme Ouellet s’est étonnée que M. Péladeau continue d’être consulté par la direction de Québecor, comme l’a confirmé le président du conseil d’administration de l’entreprise, Brian Mulroney.

L’an dernier, au moment du saut en politique de M. Péladeau, Québecor avait affirmé que celui-ci ne participerait «plus aux décisions concernant la gestion des affaires courantes et stratégiques de l’entreprise».

Mercredi, M. Péladeau a rappelé ses responsabilités d’actionnaire de contrôle, sans préciser les circonstances de ces échanges.

«J’exerce mes droits de vote, effectivement, j’ai voté pour les administrateurs lors de l’assemblée, a-t-il dit. Je détiens 75 pour cent des droits de vote, 30 pour cent de l’équité, donc j’exerce mes droits de vote, en bonne et due forme, comme actionnaire.»

La semaine dernière, M. Mulroney a affirmé que la direction de l’entreprise consultait encore M. Péladeau «de temps à autre».

Contrairement à Mme Ouellet, un autre candidat, Alexandre Cloutier, a accueilli sans surprise le fait que M. Péladeau continue de communiquer avec les dirigeants du conglomérat, qui exploite notamment l’entreprise de télécommunications Vidéotron, le réseau de télévision TVA, Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec.

«Dans l’état actuel des choses, j’avais compris que tant et aussi longtemps que le choix des membres n’est pas fait, il n’avait pas l’intention de revoir ses façons de faire», a-t-il dit.

Les 71 000 membres du PQ ont pu commencer mercredi à exercer leur droit de vote. Une brève interruption de service de vote par Internet a rapidement été rétablie peu après le début du vote à 8h.

Commentant l’arrivée prochaine d’un nouveau chef à la barre du PQ, M. Bédard a estimé que c’est la Coalition avenir Québec qui en fera les frais, un segment de l’électorat que M. Péladeau a ciblé à plusieurs occasions durant sa campagne.

«Ce que ça annonce, c’est des jours difficiles pour la CAQ, qui est un parti en perdition, a-t-il dit. C’est à nous à prendre toute la place dans le contexte actuel.»

Le chef de la CAQ, François Legault, a réagi en affirmant que la population est davantage préoccupée par les questions fiscales que par l’indépendance du Québec.

«Je continue à dire que le PQ est déconnecté et actuellement les gens sont inquiets, avec l’augmentation de 1400 $ des taxes et tarifs par le gouvernement Couillard, c’est de ça que j’entends parler partout», a-t-il dit.

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