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La police de Toronto ferait du profilage racial

Photo: PC

TORONTO – La police de Toronto communique beaucoup plus souvent avec les autorités en matière d’immigration afin de vérifier si les gens détiennent la documentation requise pour demeurer au Canada que ses homologues des autres grandes villes canadiennes, selon un nouveau rapport publié par des groupes de défense des droits de la personne.

Ces vérifications peuvent mener à la détention pour une durée indéterminée des individus visés ou à leur déportation vers des pays où leur vie pourrait être en danger, ont fait valoir les organismes, lundi.

Les données gouvernementales, qui ont été obtenues par les groupes en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, montrent que 83 pour cent des appels logés par la police de Toronto auprès de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) sont basés sur les «soupçons d’un agent» et ont pour objectif de vérifier le statut de la personne concernée au pays.

Dans moins d’un cas sur 10, soit environ sept pour cent, les individus visés par la vérification faisaient l’objet d’un mandat d’arrestation du ministère de l’Immigration non exécuté.

D’après l’un des auteurs du rapport, Karl Gardner de l’organisme No One Is Illegal, les données laissent entendre que les policiers torontois s’adonnent au profilage racial et décident de contacter l’ASFC sans avoir de motifs valables.

M. Gardner a soutenu que cette pratique créait un climat de peur parmi les quelque 200 000 immigrants sans papiers qui vivent à Toronto.

«Ils craignent d’appeler la police lorsqu’ils en ont besoin, ils ont peur de marcher sur la rue ou de prendre le métro par crainte d’être pris pour cible par les policiers en raison de la couleur de leur peau, a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne. La police ne devrait pas faire le sale boulot de l’ASFC.»

La police de Toronto a nié les accusations de profilage racial et de divulgation proactive aux autorités de l’immigration. Toutefois, le corps policier affirme depuis longtemps qu’il a l’obligation de rapporter les immigrants illégaux lorsqu’il en découvre.

«Ne rien demander, ne rien dire, ce n’est pas une option pour la police. Ne rien demander, oui, a commenté le porte-parole de la police torontoise, Mark Pugash, lundi. Est-ce que nous ciblons activement? Non.»

Selon les chiffres du gouvernement fédéral, les policiers de Toronto ont rapporté 3278 personnes à l’ASFC entre le 4 novembre 2014 et le 28 juin 2015, soit environ 14 individus par jour. Au cours de la même période, les services de police de Montréal, Québec, Ottawa, Calgary, Edmonton et Vancouver ont fait un total combiné de 2729 appels.

Le rapport complet, qui sera publié mercredi, précise que les personnes concernées par les vérifications des agents torontois comprennent des victimes et des témoins d’actes criminels.

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