Des femmes sans statut veulent sortir de l’anonymat
Six femmes se sont présentées dimanche devant les médias le visage couvert de masques blancs ou en forme de papillon. C’est pour pouvoir montrer leur visage au grand jour qu’elles réclament la régularisation de leur statut au Canada.
En conférence de presse, leur détresse transparaissait malgré leur masque. La plupart sont des mères de famille, venues au Canada dans l’espoir d’offrir un avenir meilleur à leurs enfants. Elles sont contraintes de travailler au noir, occupant des emplois dont personne ne veut et s’exposant à des abus. Ni elles ni leurs enfants, dans plusieurs cas, n’ont droit aux services de santé et d’éducation gratuitement. Elles craignent en permanence d’être dénoncées, détenues et déportées parce qu’elles n’ont pas de statut légal. Depuis des années, parfois 2, 5 ou même 15, elles se battent pour être acceptées comme résidentes permanentes au Canada.
«Nous sommes intégrées à la société, nous travaillons ici, nous payons des taxes, nous contribuons à la richesse du pays, mais nous continuons d’être marginalisées. Nous souhaitons qu’on nous accorde une vraie place et que nous ayons les mêmes droits», a déclaré l’une d’entre elles, qui a voulu rester anonyme, dans un français parfait.
Une femme a rapporté que ses enfants n’avaient pas le droit de participer à toutes les activités organisées par son école, alors qu’une autre a raconté avoir dû payer 7000 $ pour une opération destinée à sauver la vie de son fils.
Dix-neuf d’entre elles, regroupées au sein du Collectif des femmes sans statuts, espèrent se faire entendre par le nouveau premier ministre Justin Trudeau, même si leur lettre ouverte, livrée à son bureau de circonscription à plusieurs reprises depuis le 27 novembre, est restée lettre morte.
La plupart d’entre elles attendent depuis plusieurs années une réponse de demande de résidence permanente pour «considérations d’ordre humanitaire». Citoyenneté et Immigration analyse au cas par cas leur dossier en prenant notamment en compte la façon dont elles sont établies au Canada, leurs liens familiaux au pays et l’intérêt supérieur de leurs enfants. Le fait de présenter cette demande n’empêche pas leur renvoi du Canada si le gouvernement réussit à les localiser.
Appui
Les femmes du Collectif sont appuyées par l’organisme Solidarité sans frontières.
L’organisme demande qu’on arrête de procéder au cas par cas et qu’on accorde un statut légal à toutes les personnes vivant au Canada, dont le nombre est estimé à des dizaines de milliers.