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Le Québec, protecteur médiocre de la biodiversité

Si la tendance se maintient, le Québec ratera la plupart de ses objectifs de protection de la biodiversité, selon un rapport rendu public mardi.

Intitulé Nagoya+, Bilan des actions du Québec en matière de biodiversité et recommandations, le rapport dresse un portrait des lacunes gouvernementales dans l’application de 8 des 20 objectifs établis à Nagoya en 2010 et endossés par 195 pays. Aucun des 8 objectifs étudiés n’est en voie d’être réalisé, «le portrait est assez sombre», a souligné Sophie Gallais, chargée de projet à Nature Québec et coauteur du rapport avec Alice de Swarte, coordonnatrice à la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP).

Le Québec a notamment pris du retard dans la création d’aires protégées avec seulement 9,16% d’aires protégées sur son territoire alors que l’objectif était de 12% pour 2015 et 17% d’ici 2020.

«Être l’hôte du Secrétariat de la Convention sur la biodiversité biologique (le siège est à Montréal) implique des responsabilités. Malheureusement, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous malgré des efforts», a jugé Braulio Ferreira de Souza Dias, secrétaire exécutif de l’organisation onusienne.

Il y a pourtant l’équivalent de 30 000km2 de projets d’aires protégées sur la table et cela permettrait de combler les trois quarts du retard, a souligné Mme Gallais. L’abolition des Conférences régionales des élus (CRÉ) contribue à ce marasme, de même que les divergences entre les ministères. «Par exemple, la protection des Montagnes blanches nécessaire à la sauvegarde du caribou forestier est bloquée au niveau de certains ministères qui veulent favoriser la foresterie», a souligné Alain Branchaud, directeur de la SNAP Québec.

«Et même quand les aires sont pleinement protégées, elles n’ont un statut que provisoire qui peut être réversible tous les 5 ans. Ça laisse toujours peser une menace, on l’a vu avec le mont Orford», a ajouté Christian Simard, directeur de Nature Québec. Ce dernier a souligné l’importance d’adopter d’une loi de protection des milieux humides, d’encourager la certification durable des forêts, des pêches et des mines, de créer des ceintures vertes et bleues autour de Montréal et Québec, de freiner l’étalement urbain et d’établir des critères plus sévères quant au rejet des eaux usées dans le fleuve.

Du côté de la protection des espèces, là aussi le bilan est mitigé. Selon l’accord de Nagoya, d’ici 2020 «l’extinction d’espèces menacées est évitée et leur état de conservation est amélioré et maintenu». Or selon le rapport des deux organismes environnementaux le nombre d’espèces fauniques susceptibles d’être déclarées menacées ou vulnérables est passé de 76 espèces en 1993 à 115 espèces en 2015. Le quart de ces espèces sont des poissons. «Seulement 1,3% du territoire marin québécois est protégé alors que l’objectif est de 10% en 2020», a indiqué Sophie Gallais.

Le rapport conclut que la façon de mettre en oeuvre le Plan Nord du gouvernement sera déterminante dans l’atteinte de certains objectifs. Il suggère «d’identifier prioritairement les 50% du territoire qui seront mis à l’abri des activités industrielles». Pour l’instant le gouvernement s’est fixé comme objectif de protéger 20% du territoire d’ici 2020.

Par courriel, le cabinet du ministre de l’environnement David Heurtel a fait savoir que «le gouvernement est confiant d’atteindre la cible de Nagoya visant à consacrer à des fins de conservations 17% du territoire terrestre d’ici 2020». L’attachée de presse du ministre Heurtel, Mylène Gaudreau, souligne que le Québec possède déjà le plus grand réseau d’aires protégées au Canada.

Lire le rapport ici

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