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Soins palliatifs: finir sa vie comme à la maison

Photo: Chantal Levesque/Métro

Émilie Dubreuil et Serge Daoust font partie des 170 bénévoles qui s’occupent de patients en fin de vie à la Maison de soins palliatifs Source Bleue, à Boucherville. Selon ce qu’ils ont confié à Métro dimanche, l’ambiance y est loin d’être déprimante.

Assise au chevet de Pauline Dupont, Émilie Dubreuil lui parle doucement. «Vous n’avez plus besoin de faire le ménage, ni le lavage, alors on jase», lance-t-elle avant de rire, décrochant ainsi un sourire à la patiente.

C’est parce qu’elle peut s’asseoir avec les personnes en fin de vie et écouter leurs histoires que l’étudiante en soins infirmiers aime être bénévole. «Si tu prends la peine de poser une question, certains vont te raconter plein de choses», souligne-t-elle en souriant.

Son travail, comme celui des autres bénévoles aux soins, est d’apporter les plateaux de repas aux patients, qui mangent à l’heure qu’ils veulent, et de répondre aux appels des patients.

«Tu ne peux pas juste leur servir le déjeuner, dit Serge Daoust, qui est bénévole depuis cinq ans. Tu es obligé de jaser cinq ou dix minutes avec eux. Les gens ne sont pas amers. Le social est encore important pour eux.»

«Quand je suis avec eux, je ne pense pas au fait qu’ils peuvent partir dans quelques jours, assure M. Daoust, qui consacre jusqu’à une vingtaine d’heures par semaine à la maison Source Bleue. Mais c’est sûr que quand une personne qui est ici depuis des semaines décède, ça me fait un petit quelque chose.»

Mme Dupont, pour sa part, semble apprécier ce temps qui lui est accordé. «Ils donnent des soins qu’il n’y a pas ailleurs», formule-t-elle lentement, peu de temps avant qu’on vienne la chercher pour un bain et une coiffure.

Marche de soutien
Pour le premier jour de la Semaine nationale des soins palliatifs, qui a lieu cette année du 1er au 7 mai, environ 750 personnes ont défilé dans les rues de Boucherville afin de récolter 173 000$ pour la Maison Source Bleue.

Pour soigner gratuitement 16 patients à la fois, soit environ 300 par année, l’établissement, qui est le deuxième plus important centre de soins palliatifs dans la région de Montréal, a un budget annuel de 2,4 M$. Comme il reçoit une subvention de 1 M$ du gouvernement, il doit amasser 1,4M$ en dons privés.

«C’est un gros défi, parce que ce n’est pas une cause très sexy. On ne sauve pas des vies, rapporte Nicole Tremblay, directrice générale de la Fondation Source Bleue. Mais c’est très important, parce que notre objectif est de leur faire savourer leurs derniers moments de vie.»

Plusieurs des marcheurs ont perdu un proche qui a séjourné à la Maison Source Bleue. C’est le cas de Vicky Chagnon et d’une quinzaine de membres de sa famille. Elle est venue souligner la mémoire de sa mère Élizabeth. «En février 2015, on a sorti ma mère de l’hôpital, où c’était terrible. Quand on est arrivés ici, ç’a été l’apaisement, les gens s’occupaient bien d’elle, affirme-t-elle. On va faire cette marche à chaque année.»

Important pour le Dr Barrette
Le ministre de la Santé Gaétan Barrette s’est présenté dimanche à la Maison Source Bleue. Selon lui, la trentaine de maisons de soins palliatifs sont un maillon très important dans l’offre de services de santé au Québec, en complément aux hôpitaux, aux CHSLD et aux soins à domicile.

«C’est une combinaison de l’État et de la volonté des citoyens d’offrir des soins palliatifs de grande qualité dans leurs milieux de proximité, a-t-il expliqué, reconnaissant que leur dépendance à la philanthropie limite leur déploiement. Ça n’existe pas sans bénévolat et implication sociale.»

Le ministre ne s’inquiète pas du fait que les maisons de soins palliatifs refusent de pratiquer l’aide médicale à mourir. «On pense que les gens vont faire leur réflexion et qu’avec le temps, ils vont donner [l’aide médicale à mourir]», a-t-il déclaré.

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