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Drainville confirme qu'il quitte la vie politique

LONGUEUIL, Qc – Abattu par le départ de Pierre Karl Péladeau et «à risque» de ne plus avoir envie de faire de la politique, le député et ex-ministre péquiste Bernard Drainville a confirmé mardi matin qu’il quittera son poste pour se réorienter vers une carrière d’animateur de radio.

«Ce n’était pas quelque chose que j’avais prévu. En tout cas, pas à court terme. Mais là, il y a un alignement de planètes et j’en viens à la conclusion que c’est là que je peux être le plus utile pour la suite des choses», a-t-il déclaré dans un centre communautaire situé dans sa circonscription de Marie-Victorin, à Longueuil.

Entouré d’une partie de sa famille, le député a avoué que sa réflexion s’était amorcée lors du départ du chef péquiste Pierre Karl Péladeau, au début de mois de mai. Mais l’offre du groupe Cogeco l’a convaincu de faire le saut, parce qu’il craignait de ne plus pouvoir remplir ses fonctions «à 100, à 200 ou à 300 pour cent» comme il dit l’avoir toujours fait.

La Presse Canadienne avait révélé lundi que le leader parlementaire allait démissionner pour aller remplacer l’ex-ministre Nathalie Normandeau à l’émission du midi au FM93.

M. Drainville a martelé que ses convictions étaient intactes et qu’il ferait valoir ses idées sur cette nouvelle tribune, qu’il partagera avec l’animateur Éric Duhaime.

Âgé de 53 ans, il n’a d’ailleurs pas complètement fermé la porte à un retour en politique si l’occasion se présente, en compagnie d’un chef avec qui il développerait une complicité semblable à celle qu’il avait avec M. Péladeau. M. Drainville, qui s’était présenté à la course à la direction du Parti québécois en 2015, avait abandonné pour se rallier à Pierre Karl Péladeau et il affirme être devenu avec le temps «son bras droit».

«Je quitte la politique, ce n’est pas pour y retourner. Maintenant, si vous me demandiez: est-ce que vous écartez toute possibilité pour le reste de vos jours de faire de la politique? Je vous dirai: non», a-t-il expliqué.

Au moment de tracer son bilan, Bernard Drainville s’est dit fier de toutes les réformes démocratiques qu’il a pu mettre en place lors du court passage au pouvoir du Parti québécois, entre 2012 et 2014. Il n’a montré aucun signe de regret quant au projet de loi controversé sur la laïcité qu’il avait défendu bec et ongles à l’époque.

«Oui, la laïcité procède d’une conception exigeante du service public. Je ne m’en excuserai pas. J’ai une conception élevée du service public», a-t-il lancé.

Bernard Drainville avait été élu pour la première fois député de Marie-Victorin en 2007, après avoir été journaliste à Radio-Canada. Il avait été réélu successivement en 2008, 2012, et 2014.

Dans le gouvernement de la première ministre Pauline Marois, il a exercé les fonctions de ministre responsable des Institutions démocratiques. Pendant son mandat, il a fait adopter une loi sur les élections à date fixe et une refonte des lois sur le financement des partis politiques.

Il avait également plaidé pour l’abolition des primes de départ pour les députés démissionnaires, ce qui a été fait par le gouvernement libéral de Philippe Couillard à la fin de l’année dernière. «Je suis très heureux de vous confirmer que je n’ai pas droit à une allocation de départ», a-t-il déclaré.

Le premier ministre devra toutefois déclencher une élection partielle dans les prochains six mois — ce qui coûtera entre 500 000$ à 600 000 $ aux contribuables. M. Drainville a d’ailleurs été confronté à une déclaration de son passé. «Un élu qui choisit de son plein gré de démissionner en cours de mandat ne respectait pas le contrat moral qu’il a pris avec ses électeurs», avait-il affirmé en 2013.

«C’est vrai que j’ai dit ça. Je ne renie pas ce que j’ai dit. Mais je ne vous le répéterai pas aujourd’hui. (…) Rappelez-vous que quand j’ai dit ça, c’était dans le contexte des primes. Je disais celui qui quitte ou celle qui quitte ne devrait pas être récompensé. Je ne serai pas récompensé», a-t-il affirmé après un long soupir.

M. Drainville s’est montré moins combatif et plus vulnérable en parlant de sa famille, dont sa femme Martine Forand, et deux de ses enfants, Lambert et Rosalie — le petit Mathis était en examen.

«Je ne quitte pas pour des raisons familiales. Mais je suis resté grâce à des raisons familiales», a-t-il dit en retenant ses larmes.

Invité à réagir sur la démission de son collègue, le premier ministre Couillard a dit espérer qu’il pourra, dans ses nouvelles fonctions, «faire la part des choses» — faisant référence au titre de l’émission qu’animait Bernard Drainville au Réseau de l’information avant son entrée en politique.

«J’ai eu une bonne conversation avec lui, je lui ai souhaité bonne chance pour la suite des choses», a-t-il affirmé.

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