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Droits humains: Justin Trudeau doit questionner Enrique Pena Nieto

OTTAWA – Un groupe d’activistes féministes mexicaines demande au premier ministre Justin Trudeau de montrer son vrai côté féministe et de questionner le président mexicain sur son bilan en matière de droits de la personne.

M. Trudeau recevra le président mexicain Enrique Pena Nieto la semaine prochaine tout juste avant le sommet des dirigeants nord-américains auquel assistera également le président des États-Unis Barack Obama.

Le sommet des «trois amigos» se penchera sur le renforcement de la coopération économique continentale. Les trois chefs d’État devraient également s’entendre sur une déclaration commune pour accentuer la lutte aux changements climatiques.

Quatre femmes mexicaines — toutes membres de la Nobel Women’s Initiative — souhaitent que M. Trudeau interpelle M. Pena Nieto sur la violence qui secoue le Mexique depuis que le gouvernement s’est engagé dans une lutte impitoyable contre les cartels de la drogue il y a maintenant plus d’une décennie et sur ses conséquences sur les femmes.

Le groupe de militantes représente des victimes de torture et de personnes disparues, notamment. Ses représentantes étaient de passage à Ottawa cette semaine pour s’entretenir avec des représentants gouvernementaux avec l’appui d’Amnistie internationale.

Dans une lettre adressée au premier ministre Trudeau, Amnistie lui demande de mettre la question des droits de la personne au premier plan de ses discussions avec le président mexicain, citant la disparition de 27 000 Mexicains depuis le début de la guerre sanglante contre les cartels en 2006.

Justin Trudeau et Enrique Pena Nieto s’étaient bien entendus l’automne dernier lors de sommets internationaux qui s’étaient tenus en Turquie et aux Philippines. Ils avaient même été couronnés «APEC hotties» (les beaux mecs de l’APEC) par un journal de Manille.

«C’est ça la campagne de propagande qui est menée au Mexique. C’est fabuleux. Ils sont vraiment très bons. Je ne sais pas qui peut être un ami de M. Pena Nieto», a tranché Marta Sanchez, la coordonnatrice de l’organisation qui tente d’obtenir justice pour les familles de 120 000 travailleurs migrants qui ont disparu de 2006 à 2015.

Elle affirme que le premier ministre Trudeau peut changer les choses, «en ne laissant pas (Enrique Pena Nieto) s’en sortir, en lui disant « Je sais ce qui se passe au sud et je suis préoccupé »».

Avec ses trois collègues, Mme Sanchez a rappelé les conclusions de plusieurs rapports rédigés par des organisations telles qu’Amnistie et Human Rights, notamment. Elle a également cité un rapport déposé par le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture en mars 2015.

Juan Mendez y écrit que la pratique de la torture sur les détenus au Mexique est répandue et qu’elle se déroule dans un contexte d’impunité. Le rapporteur spécial blâme la police, l’armée de même que certains médecins, avocats de la défense, procureurs et juges.

Brenda Rangel — dont le frère est disparu en 2009 — est la cofondatrice d’une organisation qui vient en aide aux familles des Mexicains dont on est sans nouvelles.

Elle se dit victime de menaces de mort et de vivisection.

«C’est quelque chose que le gouvernement n’aime pas. Ils n’aiment pas les gens qui tentent de rendre la vérité visible ou ceux qui, de leur point de vue, pourraient entacher la réputation du Mexique», a-t-elle soutenu.

Le rapport onusien fait un lien entre la hausse de la violence et l’escalade de la guerre aux trafiquants de drogue que l’ex-président mexicain Felipe Calderon a lancée en 2006. L’auteur du document se dit également particulièrement préoccupé par la violence sexuelle commise sur les femmes détenues, ce qui inclut de la nudité forcée et des viols collectifs.

Lorsque MM. Trudeau et Obama rencontreront leur homologue mexicain la semaine prochaine, ils devront «ouvrir leurs yeux et ne pas croire ce que M. Pena Nieto va leur dire» sur la question des droits de la personne au Mexique, soutient Claudia Medina, la fondatrice de la campagne Briser le silence au Mexique, qui dénonce la violence faite aux femmes par les forces de sécurité.

Mme Medina est devenue une activiste après son arrestation pendant 36 heures en 2012, au cours de laquelle elle a subi des décharges électriques, des étranglements et de la torture sexuelle pour la forcer à confesser ses liens avec une organisation criminelle. Les accusations qui pesaient contre elle ont été abandonnées plus tôt cette année.

Pilar Aresse, du Centre de droits de la personne Miguel Agustín Pro Juárez, affirme que les militants mexicains doivent sortir de leur pays pour obtenir justice, puisqu’ils ne peuvent le faire à l’intérieur des frontières mexicaines.

«Nos vies sont peut-être à risque et nous ne pouvons faire confiance aux autorités mexicaines», a-t-elle dit.

Dans sa lettre adressée à M. Trudeau, Amnistie demande au premier ministre d’être un vrai «amigo» de M. Pena Nieto en lui parlant franchement de la situation qui prévaut au Mexique.

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