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Comtés baromètres et leçons de l’histoire: six questions clés pour le jour J

Envelopes containing ballots are shown at a San Francisco Department of Elections at a voting center in San Francisco, Sunday, Nov. 1, 2020. (AP Photo/Jeff Chiu) Photo:

Le jour de l’élection est enfin arrivé.

Ou du moins ce que nous appelons encore le jour de l’élection, puisque plus de 93 millions d’Américains ont déjà voté lors d’une élection qui a été remodelée par la pire pandémie en plus d’un siècle, ses retombées économiques et l’explosion de l’enjeu de longue date du racisme systémique.

Voici quelques questions clés à l’approche du dévoilement de résultats.

QUE SOUHAITENT LES AMÉRICAINS DE LA PART D’UN PRÉSIDENT?

Les élections touchent toujours à la direction que les Américains voudraient voir prendre leur pays. Cela est particulièrement vrai cette année, alors que les États-Unis sont confrontés à de multiples crises et choisissent entre deux candidats avec des visions très différentes pour l’avenir.

Le président Donald Trump a minimisé l’épidémie de coronavirus alors même que les cas se multipliaient aux États-Unis. Il a critiqué les gouverneurs — pratiquement tous des démocrates — qui ont imposé des restrictions conçues pour freiner la propagation du virus. Et il a ignoré les directives de santé publique en organisant ses rassemblements de campagne avec des foules de partisans — souvent sans couvre-visage et faisant fi de la distanciation physique.

Son rival démocrate, Joe Biden, a déclaré qu’il avait tenu compte des conseils des scientifiques. Il s’est engagé à travailler avec les autorités nationales et locales à travers le pays pour privilégier le port obligatoire du masque et a appelé le Congrès à adopter un vaste ensemble de mesures de soutien à l’économie.

M. Trump a qualifié de radicaux les manifestants contre le racisme systémique et a mis l’accent sur un message de «loi et de l’ordre» pour faire appel à sa base largement blanche. M. Biden reconnaît l’existence d’un racisme systémique, a choisi la première femme noire à figurer sur le ticket présidentiel d’un grand parti et s’est positionné comme une figure unificatrice.

Les candidats ont également des points de vue très différents sur la plupart des enjeux, que ce soit le changement climatique et l’environnement, les mesures fiscales et la portée de la réglementation fédérale.

QUELLE APPROCHE POUR REJOINDRE LES ÉLECTEURS AURA ÉTÉ LA PLUS BÉNÉFIQUE?

Les deux partis ont adopté des approches très différentes pour rejoindre les électeurs au coeur de la pandémie.

Les démocrates ont cessé de cogner aux portes au printemps, passant au numérique et au téléphone. Ils ont repris des contacts en personne limités en septembre. Les républicains ont continué le travail de terrain traditionnel pendant toute la campagne.

Le «GOP» peut se féliciter de l’augmentation de ses inscriptions électorales dans des États clés. Les démocrates peuvent souligner la réussite du vote par anticipation, y compris auprès de tranches notables de nouveaux électeurs. Mais seul le décompte final viendra avaliser une stratégie ou l’autre.

L’EXERCICE ÉLECTORAL SERA-T-IL PACIFIQUE?

Chaque grand parti peut installer des observateurs officiels du scrutin dans les circonscriptions. C’est la première fois depuis des décennies que les républicains pourront utiliser la pratique après l’expiration d’une ordonnance du tribunal restreignant leurs activités. La question est donc ouverte de savoir dans quelle mesure ces observateurs officiels du scrutin seront agressifs pour surveiller les électeurs mardi ou même contester l’admissibilité de certains.

Le plus grand problème est probablement celui des «observateurs» non officiels — en particulier les milices autoproclamées. L’intimidation des électeurs est illégale, mais M. Trump, lors du débat présidentiel du 29 septembre, a notamment refusé de déclarer clairement qu’il accepterait les résultats des élections et a plutôt affirmé qu’il «exhortait (ses) partisans à se rendre dans les bureaux et à surveiller très attentivement, car c’est ce qui doit arriver. Je les exhorte à le faire.»

Dans le Michigan, où les autorités fédérales ont récemment arrêté des membres de groupes paramilitaires antigouvernementaux dans le cadre d’un complot présumé visant à kidnapper la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer, la secrétaire d’État démocrate a tenté d’imposer une interdiction de porter ouvertement des armes à feu dans un bureau de vote. Un juge du Michigan a invalidé l’ordonnance.

PLUS BLANCHES LES ZONES EXTRA-URBAINES ET LES PETITES VILLES?

La réélection de M. Trump dépend de l’accentuation de ses avances dans les zones rurales et les petites villes — ces larges bandes rouges sur la carte des résultats comté par comté de 2016.

Mais les hectares ne votent pas, les gens le font, et M. Biden tisse une large toile démographique et géographique. Sa coalition idéale est ancrée dans les régions métropolitaines, mais il espère améliorer le taux de participation démocrate des électeurs non blancs et des diplômés d’études supérieures un peu partout au pays.

Il y a des endroits où les stratégies concurrentes se chevauchent: les comtés extra-urbains — ces communautés situées à la périphérie des grandes empreintes métropolitaines — et les comtés dans de petites villes autonomes.

Deux indicateurs potentiels qui pourraient avoir des résultats non officiels presque complets plus tôt que tard et présager des résultats plus larges:

COMTÉ DE FORSYTH, GÉORGIE — Partie de l’anneau nord en pleine expansion et diversifiée de la zone métropolitaine d’Atlanta. Le républicain Mitt Romney a remporté 80 % des 81 900 voix en 2012, tandis que la part de M. Trump a chuté à 70 % des quelque 99 000 voix en 2016. Si cette tendance se poursuit, cela signifierait d’abord que la Géorgie contrôlée par le «GOP» serait en fait à la portée de l’un ou l’autre des partis. Plus largement, cela suggérerait que les problèmes dans les secteurs extra-urbains et les banlieues de M. Trump sont réels.

COMTÉ DE MONTGOMERY, OHIO — Dayton et ses environs. Ils constituent l’un des 206 «comtés pivots» ayant soutenu le président Barack Obama avant de privilégier M. Trump. M. Obama a remporté 51,4 % des voix en 2012 contre 46,8 % pour M. Romney (la victoire de M. Obama dans l’ensemble de l’État était de 50,6 % comparativement à 47,6 % pour son rival). M. Trump a eu le dessus sur Hillary Clinton en 2016, mais surtout parce qu’elle a perdu 15 000 voix par rapport au décompte d’Obama en 2012 (137 139), tandis que M. Trump n’a perdu qu’environ 950 voix par rapport à la marque établie par M. Romney (124 841). Un rebond clair de M. Biden et une glissade de M. Trump n’est assurément pas le scénario que les républicains voudront voir dans ce secteur d’empreinte métropolitaine de taille moyenne.

UNE REPRISE DE 1968? ET POURQUOI PAS 1980?

M. Trump a dépensé une énergie considérable cette année à se faire passer pour un président de «maintien de l’ordre», dénonçant les manifestations nationales contre l’injustice raciale occasionnellement violentes comme des émeutes de la gauche offrant un aperçu de «l’Amérique de Joe Biden».

Des alliés du président ont montré du doigt l’année 1968, lorsque les troubles généralisés au coeur de la guerre du Vietnam, les bouleversements sociaux plus larges et les assassinats de Martin Luther King fils et Robert F. Kennedy ont profité au républicain Richard Nixon tandis qu’il construisait sa «majorité silencieuse». Mais M. Nixon n’était pas le président sortant en 1968. En fait, l’atmosphère politique était si mauvaise pour le président Lyndon Johnson que le démocrate n’a pas cherché à être réélu.

De nombreux démocrates et certains républicains mettent désormais davantage en lumière l’année 1980, lorsque le républicain Ronald Reagan a battu le président Jimmy Carter et que le «GOP» a récupéré 12 sièges au Sénat. La position de M. Trump dans les sondages durant 2020 n’a été que légèrement supérieure à celle de M. Carter pour une grande partie de l’année électorale de 1980, tandis qu’il luttait contre l’inflation, le chômage élevé et la crise des otages en Iran. Mais ce qui semblait être une course serrée sur papier jusqu’en octobre s’est transformée en déroute. Même les poids lourds démocrates comme le sénateur de l’Indiana Birch Bayh et le sénateur du Dakota du Sud George McGovern, autrefois candidat à la présidence, ont subi la défaite.

Il s’agit d’une époque plus polarisée quatre décennies plus tard. Mais la leçon est que M. Trump défierait l’histoire s’il devait être réélu au milieu d’une telle cascade de crises et d’insatisfactions des électeurs.

QUAND LE VERDICT SERA-T-IL CONNU?

Le vote par correspondance en temps de pandémie a changé le calendrier de dépouillement des votes, et il n’y a pas de pratiques uniformes pour compter ces bulletins. Cela rend difficile de prédire à quel moment il y aura un résultat dans certains États clés, et encore moins un résultat national.

Par exemple, la Pennsylvanie et le Michigan — champs de bataille que M. Trump a remportés par moins d’un point de pourcentage en 2016 — ne devraient pas avoir de résultats complets non officiels avant quelques jours. La Floride et la Caroline du Nord, quant à elles, ont commencé à traiter les premiers bulletins de vote à l’avance, les responsables prévoyant des résultats non officiels plus tôt. Mais ces deux États pourraient également avoir des écarts extrêmement serrés.

Les premiers résultats pourraient montrer des résultats divergents. On s’attend à ce que M. Biden mène confortablement parmi les premiers électeurs, par exemple. M. Trump est susceptible de reprendre de l’élan avec une avance parmi les électeurs ayant voté le jour du scrutin. De premiers résultats de certains comtés dans des États chaudement disputés pourraient amener des partisans impatients à tirer des conclusions qui ne seraient pas fidèles à la réalité.

Bill Barrow, The Associated Press

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