Soutenez

Étude: les vérificateurs de faits ébranlent les croyances

croyances
Les vérificateurs de faits amènent les individus à ajuster leurs croyances afin qu’elles soient plus cohérentes avec les faits. Photo: iStock
Pascal Lapointe - Agence Science-Presse

Les amateurs de «post-vérité» seront déçus: il semblerait que le travail des vérificateurs de faits ait bel et bien un impact, non pas pour changer radicalement l’opinion d’une personne, mais pour l’amener à ajuster ses croyances afin qu’elles deviennent un peu plus «factuellement cohérentes».

«Les croyances de l’individu moyen deviennent plus précises et plus factuellement cohérentes, même après une seule exposition à un message de vérification des faits», écrivent quatre chercheurs en communications au terme d’une méta-analyse de 30 études sur les impacts de la vérification des faits (fact-checking).

Cette conclusion affaiblit encore un peu plus la croyance en un «effet boomerang» (backfire effect), c’est-à-dire en l’idée voulant que l’individu moyen, en présence d’une vérification contredisant ses croyances, choisisse de se braquer plutôt que d’écouter.

Les chercheurs écrivent que, à supposer que cet effet existe, il est très faible et n’empêche pas une personne d’intégrer de nouveaux renseignements factuels dans sa croyance initiale.

Le travail du vérificateur de faits serait même plus efficace lorsque seule une partie d’une affirmation est corrigée plutôt que l’ensemble d’un argumentaire.

Cette capacité à corriger une mauvaise information peut dépendre du fait que le lecteur est de gauche ou de droite; elle peut aussi être atténuée par ses croyances préexistantes ou par son niveau de connaissance d’un sujet.

Une des limites de cette méta-analyse

La plupart des études sont américaines et ont donc été menées dans le contexte d’un système politique très polarisé, constitué de seulement deux partis.

Les auteurs notent par exemple que les Américains qui s’identifient comme républicains semblent moins susceptibles que les démocrates d’accepter une vérification qui contredit leurs biais: un fait qui pourrait être lié au dédain plus grand que les républicains entretiennent quant aux médias et à la présence de très populaires sites d’extrême droite qui ont qualifié les fact-checkers de «gauchistes».

Une des surprises ressortant de cette étude, et qui nécessitera probablement d’autres études, est que le visuel ne semble pas aussi efficace qu’on l’aurait pensé: «Les messages de vérification des faits qui incluaient des éléments graphiques tendaient à être moins efficaces […]. Nous nous attendions initialement à ce que les éléments graphiques facilitent les corrections parce qu’ils fournissent un résumé simple du message de vérification, mais les données n’appuient pas ce raisonnement.»

Effet boomerang (backfire effect)

L’individu moyen, en présence d’une vérification contredisant ses croyances, choisirait de se braquer plutôt que d’écouter.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.