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Maudite poutine: Expérience atmosphérique

Photo: Collaboration spéciale

métro à veniseNotre journaliste Natalia Wysocka se trouvait ces derniers jours à la Mostra de Venise, célèbre festival international de cinéma en Italie.

En cette année faste pour le cinéma québécois à Venise, Maudite poutine, de Karl Lemieux, a laissé sa marque artistique unique sur le festival.

Maudite poutine, c’est un film qui résonne de tension, de moments suspendus, d’ambiances enveloppantes et troubles. Une histoire de dette, de violence. De difficultés familiales, d’amour naissant. Une œuvre en noir et blanc où la musique occupe une place primordiale: concerts de garage, scènes de répétitions, qui viennent ajouter au climat anxiogène de ce premier long métrage de Karl Lemieux. Un cinéaste ayant signé plusieurs courts expérimentaux encensés, dont Mamori, en 2010.

«Ce qu’il y a d’intéressant avec le cinéma expérimental en général, c’est l’exploration de nouvelles formes de langage, a-t-il expliqué en conférence de presse à la Mostra. Mais dans le contexte d’un récit, d’une narration, ce qui importe vraiment, c’est la gestuelle des acteurs. Je voulais donc me concentrer sur l’histoire, les interprètes, leurs gestes.»

Parmi ces interprètes, on compte Robin Aubert, glacial en mafieux au regard de pierre. Et puis Martin Dubreuil, en vandale cagoulé qui écoute du gros métal en fumant du hasch, en mangeant des pickles en canne et en tapant nerveusement du pied. Entre deux poffes, il présente fièrement son jardin où il y a «du kale, des carottes, des fraises, de la rhubarbe».

À Venise, l’acteur – que beaucoup ont découvert dans le très beau Félix et Meira de Maxime Giroux – a salué la «grande préparation» de Karl Lemieux. «Il nous a donné beaucoup de documents, d’images qui nous ont inspirés». Dans son cas particulier aussi: de la musique à écouter. Plus précisément, une solide sélection de speed, de trash et de black métal. «Ça m’a aidé à composer mon personnage. Même si c’était vraiment déprimant!» s’est-il esclaffé.

Aux côtés de Martin Dubreuil, on trouve Jean-Simon Leduc. Qui incarne son frère. Et qui est tout son contraire. Doux, effacé, silencieux. Pris dans une sale magouille un peu malgré lui. Un personnage que l’interprète a qualifié «d’observateur». «Mon travail était plus un travail d’intériorisation que de démonstration», a-t-il noté.

Présenté dans la section parallèle Orizzonti, Maudite poutine a été coscénarisé par le cinéaste et Marie-Douce St-Jacques. «Quand Karl m’a parlé de son idée, on n’avait jamais écrit de film de fiction avant, s’est-elle souvenue. Mon background, c’est la musique expérimentale. On a pensé qu’avec notre approche candide, notre sensibilité artistique et expérimentale, ce serait plus facile d’écrire quelque chose ensemble afin de faire une histoire.»

Cela dit, comme l’a souligné le producteur de l’œuvre, Sylvain Corbeil, de Metafilms, Maudite poutine, «ce n’est pas juste une question de narration. Ce qu’on voulait, c’est offrir une expérience sensorielle, une immersion dans un autre monde».

Dans ce monde, on trouve aussi – tout particulièrement vers la fin – des éléments du film d’horreur. Un genre dont Karl Lemieux dit être amateur. Et qu’il met de l’avant à l’aide d’un jeu de non-dits, de situations qui hantent. «C’était vraiment nourrissant, a évoqué, avec sa passion habituelle, Martin Dubreuil. Les images, la musique. C’était tellement inspirant. Tout était positif. C’est l’un des tournages les plus agréables auxquels j’ai participé. Avec l’une des équipes les plus plaisantes que j’ai côtoyées. Big love!» Plein d’amour.

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