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TLMEP : Annie Trudel dénonce la «loi de l’omerta» au MTQ

L'ex-analyste au MTQ, Annie Trudel Photo: Karine Dufour/Ici Radio-Canada Télé

L’ex-analyste au ministère des Transports du Québec (MTQ) Annie Trudel a dénoncé la culture d’intimidation dont elle dit être victime ainsi que «la loi de l’omerta» qui règne au ministère lors de son passage à Tout le monde en parle (TLMEP), dimanche soir.

Mme Trudel a démissionné du ministère en avril dernier, disant être fatiguée de se faire mettre des bâtons dans les roues. «On me considérait comme une nomination politique», a-t-elle affirmé. L’enquêteuse n’en pouvait plus de recevoir de l’information filtrée au compte-gouttes et de voir son travail être constamment ralenti.

Annie Trudel affirme qu’il y a un climat d’intimidation au MTQ et qu’elle en est encore victime aujourd’hui. «J’ai eu beaucoup de messages concernant ma présence [à TLMEP]; on m’a mis en garde de faire attention à ce que je dirais», a-t-elle cité comme exemple récent.

«Je sais que mon travail se fait en terrain hostile, mais je vais continuer à lutter contre la corruption.» -Annie Trudel, ex-analyste au MTQ

«Au MTQ, si l’omerta règne, c’est parce que les employés sont intimidés», a dit l’enquêteuse, qui a critiqué la culture d’opacité qui règne au ministère. «On déploie beaucoup d’énergie à masquer ce qui ne va pas, à faire du marketing pour bien faire paraître le ministère au lieu de régler les problèmes]», a-t-elle déploré.

Parmi ces problèmes, celle qui a été agente de renseignement à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) de 2010 à 2013 a évoqué une «gouvernance de coupeurs de tête» : «On est très rapides à sacrifier des gens, et les gens le savent, donc on obéit», a-t-elle expliqué. Elle a donné en exemple le congédiement de deux hauts fonctionnaires du MTQ au lendemain du cafouillage qui a mené des centaines d’automobilistes à passer la nuit sur l’autoroute en pleine tempête de neige.

Mme Trudel a aussi déploré les nombreux stratagèmes utilisés pour contourner les règles en place. «Je suis encore abasourdie d’avoir lu qu’un extra était requis dans un contrat en raison du fait que les travaux étaient en hiver. On en a un par année au Québec, je pense que ça pourrait être revu de façon plus intelligente!»

La culture doit changer, mais encore faut-il une réelle volonté politique, a fait savoir Annie Trudel. «J’ai beau être outrée, si le premier ministre trouve ça correct, il y a des limites à dénoncer le manque d’intégrité des documents», a-t-elle avancé en parlant du cas des documents falsifiés soumis à l’Assemblée nationale.

En fin d’entrevue, Mme Trudel a réclamé une loi pour protéger les lanceurs d’alerte. «Si on ne peut pas parler et dénoncer, le gouvernement en place a tout le contrôle», a-t-elle soutenu. À son avis, le projet de loi 87, qui vise à faciliter la divulgation d’actes répréhensibles, ne comblera pas ce besoin.

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