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Madonna: «J'espère être devenue meilleure»

Jennifer Lesieur, Métro France

La couverture complète du Festival de Cannes: www.journalmetro.com/cannes

En adoptant le petit David au Malawi, Madonna a attiré l’attention internationale sur le second pays le plus pauvre du monde. Pour toucher un autre public que celui des tabloïds, elle a produit un documentaire, I Am Because We Are, où sa voix off raconte la triste condition du million d’enfants atteints du sida.

Si le fond est inattaquable, la forme est souvent de mauvais goût. Les images de gosses décharnés, les yeux pleins de larmes, se suffisent à elles-mêmes, mais Nathan Rissman les a affadies par une musique grandiloquente, des ralentis inutiles et des commentaires simplistes tels que " Tout le monde a besoin d’amour ".

Certes, mais sans les soins médicaux, à qui en donner ? Il faut dire que le réalisateur est le jardinier des Ritchie, et que son épouse est la nounou de David… Dommage que Madonna n’ait pas demandé à son copain Michael Moore de tout superviser pour donner un écrin plus efficace à sa noble cause.

Vous dites avoir un rapport particulier avec les orphelins…
En fait, c’est Michael Moore qui m’en a fait prendre conscience. Il a participé de loin en loin à ce projet, en donnant de précieux conseils. Quand on fait de l’art, de la création, on sait après coup ce qui vous a amené à faire certains choix, à mieux comprendre, à ressentir une certaine responsabilité. Et comme tout le monde, avoir des enfants m’a réveillée. J’espère être devenue quelqu’un de meilleur.

Etiez-vous présente sur tout le tournage ?
Non, c’était impossible, ma présence ne faisait que déconcentrer puisque j’étais suivie par la presse partout où j’allais. Et notre travail exigeait du calme et de l’intimité avec les personnes que nous filmions. Je ne suis que la locomotive, le film est le fruit du travail du réalisateur : c’est surtout grâce à lui, à sa personnalité, que nous avons pu instaurer ce climat de confiance.

Dans la musique, il suffit de trois minutes pour toucher quelqu’un. Dans un film, cela prend plus de temps ?
Je ne sais pas s’il y a une limite de temps pour gagner le cÅ“ur de quelqu’un, ou attirer leur attention. L’histoire de ce film est un tissu complexe de problèmes, hors du temps. Les solutions aussi sont complexes, et cela prendra du temps pour les résoudre.

Dans le film, vous n’attendez pas grand-chose des politiciens…

C’est toujours bon à prendre, quand le gouvernement est de votre côté ! Mais quand on veut chenger les choses en profondeur, il faut aller directement aux racines. Il faut d’abord changer la vie des gens, à leur niveau, et les encourager à agir d’abord par eux-mêmes.

Comme vous l’avez fait à vos débuts ?
On apprécie toujours mieux les choses pour lesquelles on s’est battus, non ?

Quand avez-vous commencé à vous sentir concernée par le Malawi ?
La première fois que j’ai vu David. Pourquoi lui ? C’est inexplicable. J’ai ressenti des connections avec tant d’enfants là-bas, j’aurais voulu pouvoir tous les emmener avec moi. Un autre moment mémorable s’est produit le dernier soir de notre séjour. J’avai emmené ma fille, et on a fait une fête avec plein d’enfants. Plusieurs d’entre sont venus dans la chambre de ma fille pour regarder Happy Feet, et tout le monde a dansé comme le petit pingouin après… Ce moment, avec mes enfants et ceux du Malawi réunis, était magique.

Vous apparaissez rarement dans le film ; qu’est-ce qui vous a décidée à lui donner votre voix ?
J’étais impliquée personnellement mais j’ai essayé de sortir du film et de raconter l’histoire de la façon la plus objective possible, comme dans tout documentaire traditionnel. Michael Moore m’a poussée à participer, à me mettre à la place du spectateur qui ne connaît rien sur le Malawi. Il m’a dit que quand il entendait ma voix dans le film ça semblait vraiment s’adresser à lui. Il était important que je partage mon expérience personnelle, ce qui n’était pas évident au début.

Qu’avez-vous bâti au Malawi ?
Je continue d’agir aujourd’hui. Je recueille des fonds pour créer une école de filles ; j’ai acheté des terres et engagé un architecte pour bâtir une université ; j’ai bâti un centre d’accueil et de soins pour orphelins qui peut accueillir 6 000 personnes. C’est un nouveau modèle d’orphelinat où les enfants peuvent venir passer la journée, suivre des cours, avec des programmes d’aide psycho-sociale. Ca fait beaucoup de responsabilités.

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