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Rémy Girard, mon bandit bien-aimé

Marc-André Lemieux, Métro

En 1965, après son évasion sensationnelle de la prison de Bordeaux, Lucien Rivard est élu Homme de l’année, un honneur habituellement réservé à des hommes politiques.

À cette même époque, il est considéré par plusieurs comme un héros, au même titre que Maurice Richard.

Et pourtant…
Lucien Rivard était un trafiquant d’héroïne notoire. En 1959, il était propriétaire d’une boîte de nuit à Cuba, où il profitait du régime corrompu de Batista. Chaque semaine, il versait 20 000 $ au régime de Batista pour que celui-ci ferme les yeux sur son trafic lucratif d’armes et d’héroïne. Lorsque Castro renverse le gouvernement, Rivard est mêlé à une série d’événements qui vont
bouleverser l’histoire de l’Amérique. Parmi ceux-ci, on note les assassinats de John F. et de Bobby Kennedy.

C’est sur cette période riche en rebondissements que se penche Le piège américain. Réalisé par Charles Binamé, le film met en vedette Rémy Girard, qui incarne le célèbre criminel québécois.

«Lucien Rivard, c’est un gars qui n’a jamais tué personne, dit Rémy Girard, tentant d’expliquer la cote d’amour que détenait le bandit auprès du peuple québécois. Plusieurs les voyaient comme une sorte de Robin des bois. Cela dit, on n’en fait pas un héros dans le film, contrairement au Godfather, où les mafieux sont présentés comme des hommes d’honneur avec un vrai sens des valeurs, comme la famille.»

Selon Fabienne Larouche, qui a écrit et produit le film avec Michel Trudeau, Lucien Rivard représentait, pour le Canada français, une porte d’entrée dans le monde.

«À cette époque, le Québec avait un style plus résigné et soumis, mais avec l’arrivée de Rivard, on avait tout à coup un cow-boy qui est parti dans l’Ouest, dit l’auteure, qui en est à sa première expérience au grand écran. Il a appris l’anglais, l’espagnol et l’italien. Il a décidé qu’il allait devenir quelqu’un.»

«Les Québécois, on est tout le temps un peu en réaction. Ce qui arrive dans le monde, on ne participe pas à ça. On est juste victime de ce qui se passe, ajoute Michel Trudeau. Dans Le piège américain, ce qui est intéressant, c’est que c’est un personnage qui a participé activement aux événements.»

Un univers complexe

Doté d’un budget de 5,8 M$, Le piège américain plonge le spectateur dans un monde obscur dans lequel gravitent à la fois la mafia et les services secrets américains. Un défi de taille pour le réalisteur Charles Binamé, qui a organisé quelques visionnements afin de s’assurer que le public ne se perdait pas dans les dédales du crime organisé.

«C’est un univers complexe dans lequel Rivard se trouve, souligne le cinéaste. Même lui cherche à comprendre ce qui lui arrive!»

Le piège américain
En salle dès le 16 mai

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