Louis-Jean Cormier, l’homme rapaillé
Le leader de Karkwa a voulu se démarquer du groupe avec son album solo. Mais, comme il le dit lui-même, la pomme n’est pas tombée très loin de l’arbre.
Pour ce premier opus sous son étiquette personnelle, Louis-Jean Cormier a voulu rapailler toutes les parties de lui éparpillées dans ses nombreuses collaborations.
Il est connu comme le chanteur et l’auteur-compositeur principal de Karkwa, mais Cormier a également fait de la musique pour Chloé Sainte-Marie et Vincent Vallières, notamment, avant de réaliser l’album de Lisa LeBlanc. Sans parler du projet des Douze hommes rapaillés, dans lequel il a porté plusieurs chapeaux. En plus d’interpréter un poème de Gaston Miron sur chacun des deux albums, il a réalisé le premier et agi à titre de directeur musical pour le spectacle qui s’en est suivi.
«C’est une espèce d’amalgame de tout ça, explique le chanteur. En écoutant le disque, j’ai l’impression que les gens vont retrouver des bribes des Douze hommes rapaillés, des bribes de ce que j’ai pu amener à d’autres gars comme Vallières, des bouts de production avec Lisa LeBlanc, plein de choses différentes.»
Et surtout, ajoute-t-il, on reconnaîtra son rôle au sein du populaire groupe québécois, son apport à Karkwa. Car si Cormier a voulu explorer autre chose avec son Treizième étage, on reconnaît vite les sonorités karkwaïennes. Parce que le but n’était pas non plus de faire quelque chose à l’opposé de Karkwa, précise-t-il.
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«Je suis content d’avoir gardé ce côté-là, je crois que c’était nécessaire pour regrouper tout ce que j’ai fait autour. La musique tzigane, ce sera pour l’année prochaine!» lance-t-il en riant.
Le treizième étage, c’est donc un album «folk, énergique, chantant. C’est un album de mélodies chantantes, de chansons pop accessibles, mais bricolées, grafignées et tirebouchonnées à la manière de Karkwa».
L’album est moins planant que ce à quoi nous a habitués Karkwa. Mais surtout, la différence majeure se retrouve dans les textes de Cormier, plus concrets et terre à terre que ceux qu’il écrivait pour la formation.
«J’avais besoin de quelqu’un qui m’aide à changer les mots, changer la façon de dire les choses, changer l’approche textuelle.»
Et ce quelqu’un, c’est Daniel Beaumont, qui a collaboré aux paroles et a assisté Louis-Jean Cormier dans la direction artistique de l’album. «Ma plume s’est forgée naïvement au fil du temps, et dernièrement, plus intensément avec la part de Gaston Miron dans ma vie, et la part de Daniel Beaumont», confie l’artiste, serein.
Et ce cheminement, ça donne des textes crus comme J’haïs les happy ends, dans lequel Cormier clame que «le bonheur, c’est sans histoire». Mais aussi de magnifiques chansons d’amour, comme Bull’s Eye et La seule question.
Le treizième étage, c’est donc ce mélange bien dosé de cru et de beau, terre à terre et de rêve. Car si le chiffre fatidique évoque pour le chanteur quelque chose de mystérieux, de superstitieux, c’est aussi un étage où les portes s’ouvrent sur l’imaginaire.
«Je sors de l’épopée des Douze hommes rapaillés, je fais peut-être un pas vers le chiffre 13…»
On lui souhaite de pousser jusqu’à 14, pour notre plus grand bonheur.
Le treizième étage
En magasin dès mardi.