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Faire tomber les barrières

Affronter la montée et les chemins escarpés de la Vallée sacrée pour atteindre le Machu Picchu n’est déjà pas une mince affaire. Mais pour un groupe de six étudiants en éducation spécialisée et de six jeunes adultes ayant une trisomie 21, l’aventure relève de l’exploit.

Près de huit mois après ce tour de force, l’expédition imaginée par Jean-François Martin, lui-même père d’un garçon trisomique, fait l’objet du documentaire Trisomie 21 : Le défi Pérou.

Réalisé par Lisette Marcotte, le document se veut autant un appel à l’ouverture qu’un refus de l’immobilisme.

«À la naissance de mon fils, Karl, j’ai été con­fronté aux préjugés des autres, a expliqué Jean-François Martin, initiateur du projet et professeur au cégep du Vieux-Montréal. Ça m’a pris du temps, presque 20 ans, mais j’ai fini par comprendre que ces préjugés, que la peur ou le malaise ressenti par certaines personnes, s’expliquaient par un manque de contact avec la différence et par un manque de connaissances.»

Vaincre les idées préconçues

Convaincu de pouvoir faire fondre les préjugés, Jean-François Martin s’est investi dans le Défi Pérou et a mené à terme une aventure que plusieurs qualifiaient, au départ, de complètement folle.

«Je voulais faire quelque chose qui aurait un im­pact, a-t-il précisé. Pas seulement quelque chose de cute que les gens verraient puis oublieraient. Je voulais montrer que les personnes qui ont une trisomie 21 sont utiles et peuvent apporter quelque chose à la société.»

Car, en plus d’atteindre le Machu Picchu, les étudiants et leurs jumeaux ont passé cinq jours dans des familles péruviennes afin de s’imprégner de la culture et d’aider à la réalisation de travaux communautaires.

Cette dernière étape de l’expédition aura d’ailleurs permis aux jeunes adultes ayant une trisomie 21 et à leurs accompagnateurs d’in­verser les rôles.

«Avant d’arriver dans notre famille, j’ai perdu tous mes points de repère et j’ai craqué, s’est rappelé Alexandre Brault, qui accompagnait Marc-O pendant le périple. Le premier soir, quand on s’est couché, j’ai dit à Marc-O : « Ne t’inquiète pas, on va y arriver ». Il s’est tourné vers moi et m’a dit : « Non, toi, ne t’inquiète pas ». C’est grâce à Marc-O si j’ai pu passer au travers. Je me suis beaucoup fié à lui.»

Émotions à fleur de peau

Entourée de jeunes forcés à puiser dans une réserve de courage et de volonté autrement inconnue, la réalisatrice Lisette Marcotte a su capturer l’essence des défis qui ont uni le groupe du Défi Pérou.

«Ç’a été un tournage extraordinaire, a déclaré Mme Marcotte, à qui l’on doit les documentaires Maux d’amour, La démocratie au Congo et Entre les larmes et l’espoir, traitant du génocide rwandais. Souvent, on essaie de susciter des choses, d’inventer des histoires pour susciter des émotions. Mais cette fois, tout était palpable. C’était comme un jardin, et moi je n’avais qu’à cueillir un bouquet. Il y avait une pureté des émotions tout au long de l’aventure.»

Cette dose d’émotions expliquerait, en partie du moins, le succès du documentaire, qui a déjà remporté deux prix au Festival international du cinéma d’Abitibi-Témiscamingue, dont le prestigieux Prix du public.

«Les gens ont besoin de vrai. Ils ont besoin de voir des gens qui se dépassent, qui sont passionnés par la vie, a indiqué Jean-Marie Lapointe, qui a agi comme intervieweur et narrateur pour le Défi Pérou. On n’en a pas de trop autour de nous.»

Après avoir été présenté au Festival international du cinéma d’Abitibi-Témiscamingue et de Baie-Comeau, ainsi qu’au Festival du film de Sept-Îles, Trisomie 21 : Le défi Pérou sera présenté en avant-première, le mercredi 11 février, au cinéma Beaubien.

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