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Diane Dufresne : La grande passionnée

Geneviève Vézina-Montplaisir - Métro

Diane Dufresne est notre grande diva excentrique, celle qui a constamment ignoré les qu’en-dira-t-on et qui s’est, année après année, fait un point d’honneur de toujours chanter comme si c’était la première fois.

À 64 ans, la chanteuse est toujours mue par le même désir passionné, celui de faire vibrer son public. C’est donc avec tout son cÅ“ur et toute son énergie qu’elle montera cette semaine sur la scène du Monument-National pour présenter, trois soirs seulement, son tout dernier spectacle, Effusions.

Quand on la qualifie de passionnée, Diane Dufresne se fait humble. L’interprète se dit plutôt intense.

«Je fais les choses intensément. J’ai toujours été comme ça, même enfant, concède l’interprète. Les gens me définissent comme passionnée, mais moi, je ne m’en rends pas compte. Je n’ai pas l’impression d’être passionnée, mais plutôt d’être quelqu’un qui est en vie. J’ai peur de tout, au fond, mais moi, j’affronte.»

Si «intense» est le mot que la grande dame de la chanson québécoise choisit pour se décrire, on ne peut qu’approuver.

Connue pour donner des spectacles à grand déploiement où le côté visuel occupe une grande place, la bête de scène ne risque pas de faillir à sa réputation avec sa nouvelle production.

Accompagnée de son directeur musical Alain Sauvageau au piano et d’un ensemble à cordes, Diane Dufresne interprète dans son nouveau spectacle les pièces de son dernier album, Effusions, paru en novembre 2007, quelques classiques de son répertoire plus ancien, mais aussi une chanson écrite par Jean Lemire et qu’elle a chantée pour la première fois jeudi passé. Le tout est accompagné de projections qui changent cons­tam­ment de contenu.

«Effusions est un spectacle qui a évolué tout au long de la tournée, explique-t-elle. Il s’est toujours amélioré de fois en fois. C’est un work in progress.»

L’apport du public

Le public prend aussi part à ce spectacle en constante évolution. C’est que dans le programme de la soirée, il y a une page blanche où les spectateurs sont invités à écrire un poème ou à faire un dessin. Diane Dufresne recueille le tout, et certaines de ces Å“uvres sont intégrées aux projections qui agrémentent le spectacle.

La chanteuse, qui est elle-même artiste peintre, comp­te également en faire une grande Å“uvre collective qui fera partie de sa nouvelle exposition, qui devrait voir le jour en 2010. L’artiste voit dans ce geste un échange de créativité.

«Il y a beaucoup de talent parmi le public, dit-elle. Je l’ai toujours su, d’ailleurs. On pense souvent que le public est une grosse masse noire. C’est comme les gens dans le métro : on croit qu’ils sont tous pareils, mais ce n’est pas vrai. Ils ont une individualité, une créativité. Un être humain, c’est créatif, on est faits pour ça.»

La chanteuse, constamment bouleversée par cette créativité, souhaite même récompenser quelques-uns des spectateurs qui auront pris la peine d’esquisser un dessin ou un poème en leur offrant une de ses toiles.

Diane Dufresne n’en est pas d’ailleurs à sa première collaboration avec le public. Lors du spectacle Terre planète bleue, qu’elle a donné aux FrancoFolies l’été dernier, elle avait demandé au public de lui envoyer des photos de notre belle planète, qu’elle avait intégrées à son spectacle à teneur environnementale.

Avenir vert

D’ailleurs, la conscience écologique de Diane Dufresne a eu une influence déterminante sur son nouveau spectacle. Outre certaines pièces de son nouvel album – dont Terre planète bleue, écrite par Hubert Reeves – qu’elle offre durant son spectacle, la chanteuse revisite des pièces de son répertoire plus ancien, comme Le locataire ou Oxygène, qui prennent aujourd’hui une tout autre signification.

«Il y a des titres que je chantais il y a 15 ans, comme Le locataire, que les gens ne comprenaient pas, mais aujourd’hui, c’est devenu une chanson normale pour des humains que la Terre ne peut plus supporter, affirme-t-elle.Nous sommes des animaux. Nous sommes devenus prétentieux parce que nous avons une intelligence. Mais quand les animaux commencent à disparaître, c’est que nous aussi, nous sommes menacés. L’humanité va disparaître, et nous n’aurons pas duré aussi longtemps que les dinosaures! C’est ça qui est triste et c’est ce qui va arriver si nous ne réagissons pas vite.»

Fière allure

Quand on lui demande ce dont elle est le plus fière après plus de 30 ans de carrière, celle qui a toujours été une précurseure s’arrête quelques instants avant de déclarer qu’elle ne regarde jamais en arrière.

«Ce dont je suis le plus fière, c’est qu’au début de ma carrière, je passais pour quelqu’un de complètement cinglé ou vulgaire, et malgré ça, le public a toujours été là,  dit-elle. Quand j’arrivais avec des vêtements démesurés, les gens arrivaient avec des vêtements encore plus fous que les miens. Sans le public, avec mon imaginaire débridé, j’aurais peut-être eu de gros problèmes psychologiques. Je suis fière du public et de la longétivité de ma  carrière.»

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