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Christian Carion dans L'affaire Farewell: Joyeuse Guerre froide

Dans Joyeux Noël, Christian Carion s’intéressait à un cas vécu, mais peu connu se déroulant pendant la Première Guerre mondiale. Pour son nouveau film L’affaire Farewell, il plonge à nouveau dans le passé, plus précisément en 1981 à l’époque de Reagan et de Mitterrand, retraçant les exploits d’un colonel du KGB (Emir Kusturica) qui fournissait des informations secrètes à un ingénieur français (Guillaume Canet) au profit des pays occidentaux.

Un autre fait véridique qui ne semble pas avoir fait la manchette. «C’est vrai qu’il n’y a pas eu beaucoup d’informations là-dessus, concède le cinéas-te au bout du fil, attrapé alors qu’il marchait dans la rue. C’est une histoire qui vient des services secrets. On a gardé une part de mystère et c’est normal.»

Le metteur en scène s’est néanmoins immergé dans ces années de la Guerre froide, adaptant librement un roman que Sergei Kostine a consacré à ce colonel. «Le film n’est pas un documentaire, maintient Carion. Nous ne connaîtrons jamais l’absolue vérité sur l’affaire Farewell et je trouve cela très bien. Après avoir vu le film, on peut se mettre à lire un tas d’autres documents. Ça sert aussi à ça le cinéma : à piquer la curiosité. »

Avec un sujet aussi épineux traité par des «étrangers», la Russie n’a pas donné son aval pour que le long métrage soit tourné sur son territoire. «On a eu de gros soucis, avoue le réalisateur. On voulait tourner à Moscou et on nous a demandé de ne pas venir. Je devais tourner avec un acteur russe qui a été effrayé par le pouvoir. C’est comme ça qu’Emir Kus­turica est arrivé dans le décor.»

Au-delà des apparences
Ce drame d’espionnage réunit Guillaume Canet, qui aime bien tout préparer d’avance, et Emir Kusturica, qui préfère se laisser inspirer par le moment présent. Un duo hors norme pour deux personnages insolites, campés par deux cinéastes de surcroît. «C’est étonnant de les associer, explique le créateur de Une hirondelle a fait le printemps. Au début, c’était plus compliqué.

Peu à peu, on a trouvé l’équilibre. Mais c’était très sportif… Les acteurs-réalisateurs sont peut-être les plus simples à diriger. Ils savent très bien c’est quoi, faire un film, dans quel bordel on est. Jamais ni l’un ni l’autre n’est venu me voir pour remettre mes décisions en doute. Ils avaient d’autres chats à fouetter. Guillaume a appris le russe de manière phonétique, alors qu’Emir s’exprime dans deux langues dont aucune n’est sa langue maternelle.»

Rompant avec le glamour associé à James Bond, qui rend le métier d’agent secret terriblement excitant, L’affaire Farewell reste ancré dans le réel, mélangeant drames humains et joutes politiques. «Tout ce que nous vivons aujourd’hui était quelque part dans les années 1980, affirme Christian Carion. Je pense que c’est la décennie clé de la seconde partie du 20e siècle. Vous ne pouvez pas imaginer Al-Qaïda tant qu’il y a le bloc soviétique. Avant, c’était bipolaire; maintenant c’est multipolaire.»

L’affaire Farewell
En salle dès aujourd’hui

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