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#MeToo continue de planner sur le Festival de Cannes

Luana Bajrami, Adèle Haenel, Céline Sciamma, Noémie Merlant, Valeria Golino et Bénédicte Couvreur. Photo: Vianney Le Caer/AP
Rédaction - Relaxnews AFP

La vague #MeToo a beau être retombée, ses effets se font encore sentir à Cannes entre le casting 100% féminin du film de Céline Sciamma, un conte féministe avec l’ex-escort girl Zahia ou un autre venu de Taïwan sur les abus dont les actrices peuvent être victimes.

Dans Portrait de la jeune fille en feu, Céline Sciamma, pour la première fois en lice pour la Palme, raconte une histoire d’amour entre une peintre et son modèle, dans un XVIIIe siècle corseté.

L’occasion de filmer quasi-exclusivement des actrices, en premier lieu Adèle Haenel et Noémie Merlant. Un parti pris peu surprenant de la part de la réalisatrice française très engagée sur les questions de parité et de représentation féminine.

Découverte en 2007 avec Naissance des pieuvres, déjà avec Adèle Haenel, Céline Sciamma fait partie du collectif 50/50, à l’origine de la montée des marches 100% féminine l’an dernier, lors de la première édition cannoise après l’affaire Weinstein et la vague #MeToo.

«Je ne sais pas si on peut parler de subversion (…) Évidemment j’ai une volonté politique, et elle est revendiquée, mais le film n’est pas un tract», a-t-elle souligné lundi devant la presse.

Un choix qui a ravi le cinéaste Xavier Dolan: il a pris sa plume pour déclarer son amour au film, sur Instagram. «Le soulagement et l’intimité ressentie en regardant des femmes, uniquement des femmes, pendant deux heures de ma vie, est une nouveauté que je vais rechercher», a affirmé le Québécois qui présentera mercredi Mathias et Maxime, en compétition.

#MeToo a contraint l’industrie du cinéma à s’interroger sur la présence des femmes dans les métiers du 7e art, à leur sort mais aussi à leur représentation, et les stéréotypes allant avec.

En 2018, le Festival de Cannes s’était engagé à rendre transparente la liste des membres de ses comités de sélection et à fournir des statistiques sexuées sur les films sélectionnés, pour faire le point sur ses propres pratiques, alors qu’une seule réalisatrice a reçu une Palme d’or dans l’histoire du festival (Jane Campion pour La leçon de piano en 1993).

Féministe et surféminine
«Il serait irrespectueux de sélectionner un film parce qu’il est réalisé par une femme», martèle régulièrement le sélectionneur Thierry Frémaux. Sur les 21 films en compétition cette année, quatre sont réalisés par des femmes.

Le chiffre grimpe à 13 en sélection officielle (Un certain regard, les séances spéciales, etc), où «il y a de beaux portraits féminins, pas seulement faits pas des réalisatrices aussi par des réalisateurs», soulignait Thierry Frémaux en dévoilant le programme mi-avril.

Parmi eux, celui du Taïwanais Midi Z (Nina Wu présenté à Un Certain regard), écrit et interprété par l’actrice Wu Ke-xi, qui s’y connait en humiliations sur les plateaux. Comme être giflé lors du tournage d’une publicité au début de sa carrière.

Elle avait eu l’audace de poser une question au réalisateur, a-t-elle relaté à l’AFP.

D’où ce film inspiré du scandale Weinstein, sur une jeune femme, arrivée à Taïwan pour réaliser son rêve d’actrice et confrontée à la disparition soudaine d’une concurrente pour un rôle.

Autre opus féministe de la sélection: Une fille facile de Rebecca Zlotowski (Quinzaine des réalisateurs). Le film suit deux cousines un été à Cannes: la libérée Sophia, incarnée par l’ex-escort girl Zahia Dehar (celle de l’affaire Ribery), qui couche avec des hommes riches et se fait offrir des cadeaux, et Naïma (Mina Farid), plus jeune, fascinée par l’univers de luxe et de désir qu’elle découvre.

«Une fille facile, ce n’est pas péjoratif, c’est une femme qui s’épanouit dans sa sexualité à l’égal d’un homme. Il est rare de voir une femme comme Sophia célébrée comme cela», souligne à l’AFP Zahia Dehar, reconvertie en styliste et aujourd’hui actrice.

«Pour être féministe, on n’a plus besoin de montrer des femmes spationautes ou neuro-chirugiennes. J’ai du plaisir à montrer des femmes dans le cliché de la sur-féminité», renchérit la réalisatrice française Rebecca Zlotowski, elle aussi membre du collectif 50/50.

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