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La vraie nature de Rosalie Vaillancourt

Photo: Josie Desmarais/Métro

On pense connaître l’humoriste Rosalie Vaillancourt: pétillante, survitaminée, insolente, espiègle, irrévérencieuse… Mais celle qu’on voit puissance «fois 1 000» dans ses capsules web se révèle de façon plus personnelle dans son premier spectacle solo, Enfant roi. 

La jeune humoriste qui célébrera ses 27 ans le soir de sa première médiatique – «Mes fans sont ceux avec qui j’ai envie de fêter, parce que je n’ai pas tant d’amis que ça», blague-t-elle – nous reçoit dans son joli logement du Plateau-Mont-Royal en compagnie de son fidèle et attachant compagnon à quatre pattes, Chantal. 

D’emblée, elle admet se sentir hyper stressée à quelques jours de sa grande première. «Je ne vais pas faire semblant que je vais bien», lance-t-elle en échappant un rire nerveux. 

Pourtant, Rosalie Vaillancourt est connue pour son caractère décomplexé et dégage une grande confiance en elle. Après un soupir, elle reprend: «C’est tellement personnel, c’est tellement moi, c’est difficile de se dire que des gens vont me faire des commentaires là-dessus.»

Son ton et son style sont déjà bien connus, puisqu’elle a conçu avec son complice créatif Charles-Alexandre Durand les web-séries Rosalie et Avant d’être morte et qu’elle sévit régulièrement à La Soirée est (encore) jeune, sur Ici Radio-Canada Première. «Mais beaucoup de monde ne m’a jamais vue faire de stand-up», dit-elle, installée sur son sofa en flattant Chantal.

«Sur scène, c’est une heure et demie, donc je dois doser mon personnage.» Personnage qui, soit dit en passant, n’en est pas tellement un. Cette Rosalie-la-petite-peste, qui émet des propos parfois grossiers de sa voix stridente, c’est Rosalie tout court, assure-t-elle, bien qu’elle s’amuse du fait que certains puissent en douter. 

«Je ne pourrais pas parler une heure et demie en n’étant pas moi-même, dit-elle. Mais c’est tellement bizarre! Des fois, les gens me rencontrent dans la rue et s’étonnent que ce soit ma vraie voix! Ben là!»

Dans Enfant roi, la vraie Rosalie aborde des sujets personnels, doute et se remet en question. «Je pense que les gens vont mieux me connaître après», affirme-t-elle.

Au-delà de son côté tannante totalement assumé, la jeune humoriste se définit comme étant débrouillarde, sensible et vulnérable. «Je dis tout ce qui me passe par la tête, ce qui peut donner le meilleur show au monde, mais aussi le pire des fois!» dit-elle en riant avant de raconter la fois où elle a discouru sur scène pendant une vingtaine de minutes avec un homme dans le public au sujet de la cuisson de sa dinde. 

Rosalie tient à rester authentique. C’est pourquoi toutes les blagues qu’elle raconte en spectacle sont inspirées de sa vie personnelle, qu’elle parle de ses ex ou encore de la fois où elle a lancé son tampon. «C’est sûr que j’ai pris un ou deux Redbull avant mon show, donc je suis plus excitée. Et, oui, il y a des choses exagérées, mais tout est vrai.»

Ces anecdotes personnelles qu’elle partage partent souvent d’événements tristes ou difficiles qu’elle a vécus, qu’elle dédramatise grâce à l’humour. C’est le cas lorsqu’elle parle d’un ex qu’elle dit avoir «élevé pour une autre fille, comme un chien Mira». 

«J’ai écrit ce numéro en braillant. Ça m’a fait du bien. Et puis, ce n’était pas méchant, ça ne fait de peine à personne.»

Autre exemple qui, pardonnez-nous le jeu de mots, nous a jetée sur le cul : comme de nombreuses femmes qui s’expriment publiquement, Rosalie Vaillancourt reçoit son lot de messages douteux. Parmi ceux-ci, des reproches à propos de la grosseur de son postérieur. «Oh my god! Désolée d’avoir des formes! s’indigne-t-elle, avant de se désoler: C’est tellement pas fin.»

«Honnêtement, au début, ça me faisait de la peine, au point où je suis allée me renseigner sur la liposuccion. Finalement, ça m’a donné des blagues sur le sujet!»

Cette transparence lui permet d’aborder certains sujets tabous, comme la sexualité, qu’elle aborde aussi dans les capsules web On parle de sexe. «C’est quand même gênant de parler de ça, mais ça m’a fait du bien de le faire. Il n’y a plus rien qui me complexe maintenant. C’est rare, une fille sans complexe de nos jours! Avec tout ce qu’on nous oblige à être et à faire, je suis vraiment heureuse!»

Double standard 

Voilà ce qui est rafraîchissant dans l’humour de Rosalie Vaillancourt: sa prise de parole est totalement libre et sans censure, au risque d’en froisser quelques-uns, comme ces personnes parties au milieu d’une représentation. «Ah non, j’ai fait une blague de sodomie de trop!» ironise-t-elle. 

«On me dit souvent que je veux provoquer, mais non, vraiment pas! Moi, je dis exactement ce qui me fait rire. Si ça te choque, c’est quoi, t’as jamais entendu le mot “menstruation” de ta vie?» demande celle dont les modèles en humour sont notamment La Poune, Clémence DesRochers, Dominique Michel et Florence Foresti.

Y aurait-il là un double standard? «Ben oui! Les gens me trouvent vulgaire, mais je suis 1 000 fois moins vulgaire que certains hommes humoristes.» Puis, elle met le doigt sur le bobo : «Avec mon casting, ça surprend.» 

Une jeune et jolie blonde qui fait des blagues de pipi-caca, ça en dérange certains. «Pourtant, les blagues absurdes et sexuelles sont celles qui me font le plus rire. J’ai évolué dans cet humour.»

Sur scène, elle n’hésite pas à rire des malaises qu’elle crée bien malgré elle. «Vous êtes choqués? Vous en avez encore pour 1 heure 29!» rétorque-t-elle d’un ton moqueur. 

Aussi bien s’y faire, car les femmes prennent de plus en plus leur place en humour. Ou comme elle le formule: «Décoincez-vous le cul, parce que c’est comme ça maintenant.» Tenez-vous-le pour dit. 

«Ma façon d’être féministe, c’est de faire un show qui ressemble à South Park. C’est de faire les choses qui me font rire pour de vrai.» -Rosalie Vaillancourt

Rosalie Vaillancourt est sur scène pour s’amuser. En fait foi le concept éclaté de son spectacle, qui selon ses dires, sera très théâtral et, surtout, peu conventionnel.

Au programme : une vieille sorcière, un tas de merde et une fleur, dont elle devra ouvrir tous les pétales pour découvrir si elle est une bonne personne. «C’est comme un conte de Disney en version trash», résume-t-elle.

«C’est très di-ouaille-ouaille [NDLR : DIY ou Do it yourself]. Je trouverais ça emmerdant de parler toute seule pendant une heure et demie. Donc, j’y ajoute une petite histoire, un party de filles… Et ça m’a permis d’écrire deux chansons!»

L’idée même d’être une bonne personne, objectif de vie de bon nombre d’humains, amuse l’humoriste. «Je pose la question aux gens dans le public. Le fait de dire de soi-même qu’on est une bonne personne montre qu’on ne l’est pas tellement… Et au final, c’est quoi être une bonne personne? Et c’est-tu si important que ça?»

On pourrait dire qu’avec l’aboutissement de ce premier spectacle solo, Rosalie Vaillancourt arrive à maturité. Enfin, presque. «En même temps, je ne veux pas arriver à maturité. J’aime ne pas donner le même spectacle chaque soir. Si une blague ne me tente pas, ben fuck off, je ne la ferai pas.»

Prochaine étape après la grande première : la tournée, moment que l’humoriste préfère, car elle s’y éclate avec son équipe. «C’est ce que j’aime des spectacles, il n’y a personne de stressé avant les shows, pas même moi.» 

Attendez… Ne disait-elle pas au début de notre rencontre être terrorisée par sa première, au point de s’être mise à l’aquarelle afin de se détendre? «Mais il va y avoir des journalistes! J’ai l’impression qu’ils me détestent», explique-t-elle. 

Rosalie peut souffler: l’auteure de ces lignes est loin de la détester, bien au contraire.


Enfant roi

Les 12 et 13 novembre au Théâtre Maisonneuve

En tournée partout au Québec

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