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L’effet King

Doctor Sleep, qui met en vedette Ewan McGregor dans le rôle de Danny Torrance, est présentement en salle. Photo: Warner Bros
Gregory Wakeman - Métro World News

Au cours des deux dernières années, l’auteur à succès Stephen King a vu cinq de ses romans être portés à l’écran: It (chapitres 1 et 2), Gerald’s Game, Pet Sematary et 1922.

On pourrait penser que l’œuvre du maître de l’horreur vit un âge d’or à Hollywood. En vérité, ses romans et ses nouvelles ont été adaptés à 48 reprises au cours des 43 dernières années. Stephen King a toujours été populaire auprès du public et des studios.

Le phénomène n’est pas près de se tarir. La version cinématographique de  Doctor Sleep, la suite publiée en 2013 du roman-culte The Shining (L’enfant lumière, en version française), a pris l’affiche la semaine dernière, devenant la 49e adaptation d’un texte de l’auteur. Trois autres sont en chantier. 

Qu’y a-t-il donc dans les livres de King pour qu’ils deviennent des films à succès?

Mike Flanagan, réalisateur de Doctor Sleep, croit avoir la réponse. 

«Même si ses histoires sont complexes et comportent des éléments fantaisistes, on peut s’y identifier, explique le cinéaste. Prenez It [Ça, en version française]. On parle d’un démon qui prend l’apparence d’un clown pour tuer des enfants. C’est une idée un peu folle, mais l’idée d’un enfant laissé seul face à ses peurs a beaucoup de sens dans notre monde.»

Tous les livres de Stephen King vont dans cette direction, selon Flanagan, qui a également signé l’adaptation de Gerald’s Game, diffusé sur Netflix.

«Ce sont des réflexions sur les thèmes universels que sont l’anxiété, la peur, la faiblesse. Le meilleur et le pire de l’âme humaine, en fait. Ses histoires rejoignent des thèmes universels. C’est une occasion pour nous, spectateurs, de réfléchir à ces idées dans un contexte différent, même s’il est parfois exagéré. Ses histoires nous apprennent aussi à être plus braves.»

Pour revenir à The Shining et à Doctor Sleep, qu’y a-t-il dans l’histoire du duo père-fils formé par Jack et Danny Torrance qui résonne tant chez le public?

«Une histoire de fantômes effrayants qui se cachent dans la salle de bains, c’est toujours effrayant, explique le cinéaste, en référence à la fameuse scène de la chambre 237 présente dans la version de 1980 de The Shining, réalisée par le grand Stanley Kubrick. Mais c’est aussi une histoire de violence conjugale, d’alcoolisme et de masculinité toxique. Des choses qui résonnent beaucoup de nos jours.»

Quand le «King» dit oui

Le réalisateur de 41 ans s’estime très chanceux d’avoir pu réaliser Doctor Sleep puisque le projet lui est tombé dessus un peu par hasard. 

Alors qu’il était en discussion avec des représentants de Warner Bros. pour parler de son possible engagement dans l’univers DC, la conversation a bifurqué vers Gerald’s Game, qu’il venait d’adapter pour Netflix.

Mike Flanagan
Mike Flanagan

«Même si ses histoires sont complexes et comportent des éléments fantaisistes, on peut s’y identifier.»

Mike Flanagan, réalisateur de Doctor Sleep, à propos du caractère rassembleur des histoires de Stephen King

 

 

Après lui avoir dit qu’il croyait ce dernier livre impossible à adapter, Jon Berg, un dirigeant de Warner Bros., lui a révélé que le studio travaillait à une version cinématographique de Doctor Sleep. Flanagan en a profité pour présenter rapidement sa vision sur ce projet. 

«J’ai quitté la réunion, content d’avoir une bonne discussion sur le sujet. Le temps que je me rende à mon auto, Berg avait déjà appelé Stephen King, qui avait apprécié Gerald’s Game, pour lui exposer ma vision. Puis, tout a démarré rapidement», se rappelle Mike Flanagan, qui admet que l’idée de transformer le roman en film l’a d’abord terrifié. 

«Je n’avais jamais vécu une chose semblable dans ma carrière. Tout au long de la production, je me disais: est-ce vraiment ainsi que ça se passe dans le monde du cinéma? C’est fou!»

Une suite en bonne et due forme?

Puisque The Shining et Doctor Sleep ont été conçus en continuité par Stephen King (le premier racontant l’histoire de Jack Torrance et le second celle de son fils, Danny), il est logique de penser que le nouveau film mettant en vedette Ewan McGregor est la suite du classique de 1980 de Stanley Kubrick.

Ce n’est pourtant pas si simple. Puisque Kubrick a pris de grandes libertés par rapport à l’œuvre littéraire originale (ce qui a particulièrement irrité King), le lien entre les deux films n’est pas évident.

«C’est une chose avec laquelle j’ai jonglé dès le début du projet, soutient Mike Flanagan. J’ai voulu rester le plus près possible du livre, mais le camper dans l’univers cinématographique créé par Kubrick en ramenant l’hôtel Overlook.

«J’ai toutefois une certaine réticence à parler de mon film comme d’une suite. J’ai plutôt l’impression que c’est un descendant de The Shining. Le film a l’ADN de ses parents, c’est-à-dire Stephen King et Stanley Kubrick, mais il a aussi sa propre individualité qui lui permet de vivre.»

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