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Les Deuxluxes: à l’épreuve du feu

Lighter Fluid
Les Deuxluxes: Étienne Barry et Anna Frances Meyer Photo: Josie Desmarais/Métro

Les Deuxluxes ajoutent du combustible au grand bûcher du rock’n’roll avec leur nouvel album Lighter Fluid.

Attention, le feu est pris un peu partout sur le troisième album du duo montréalais. Le feu qu’on allume, celui qu’on éteint, ou encore celui qui rase tout, mais qui permet une renaissance. Un renouveau comme semble avoir vécu le groupe.

Comme nous ont habitués les Deuxluxes, les guitares sont omniprésentes sur Lighter fluid, mais il y a aussi de la place pour des constructions plus complexes et une plus grande introspection. Et même pour un peu de flûte traversière.

«On avait envie d’éclater la formule à deux musiciens, résume Étienne Barry, membre masculin du binôme. On voulait pousser et solidifier ce qu’on avait, pour faire en sorte qu’il ne manque rien.»

«Ç’a toujours été notre mandat de faire le plus de bruit possible. Mais là, il y a vraiment plus de notes!» rigole Anna Frances Meyer, moitié féminine du duo.

Une boutade qui témoigne quand même de l’évolution musicale du groupe, qui roule sa bosse depuis 2012. Du rockabilly simple et efficace qui l’a fait connaître, le groupe a évolué tranquillement vers un son teinté d’influences psychédéliques, par moments très sixties et seventies.

«On a beaucoup grandi avec cet album», raconte Anna Frances Meyer.

«Au fil de la tournée, qui nous a marqués profondément. Au fil des rencontres, des histoires qu’on a vécues. On ne revient jamais pareil d’une tournée. On est confronté à des défis, à d’autres réalités. On apprend beaucoup grâce à ces expériences. Cet album, c’est un peu nous qui décortiquons ce qu’on vient de vivre dans les quatre dernières années.»

Ce qu’ils ont vécu est effectivement suffisant pour remplir un album ou deux: de nombreux concerts aux quatre coins de la planète, la participation au super groupe Barry Paquin Roberge, de nombreux projets solos et, pour Anna, une mystérieuse maladie chronique qui l’a longtemps suivie.

Un mal obscur qui a teinté cet album, notamment sur les très personnelles For I, Myself et L’insistance.

«Mais tout est réglé maintenant», assure la nouvelle «Anna Yoga», qui pratique maintenant ses étirements avant chaque spectacle, avant de s’enfiler une bonne tisane.

«On a suivi les ondes positives. On est le genre de personnes qui, lorsqu’une porte s’ouvre, on entre, même si c’est difficile. Lighter Fluid, c’est un résumé de tout ce qu’on a traversé.»

«On a passé quatre ans à bâtir quelque chose. Cet album, c’est le premier test pour voir si on a réussi à accrocher les gens.» Étienne Barry, membre des Deuxluxes, à propos du temps que le groupe a passé en tournée au cours des dernières années afin d’élargir son public.

Deux guitares et une église

Ce troisième opus a été enregistré à Glen Sutton, dans les Cantons-de-l’Est, dans une église patrimoniale du XIXe siècle où 24 micros avaient été savamment disposés.

«Il y avait des micros dans l’escalier, dans le clocher, partout! illustre Anna Frances Mayer. L’église est devenue le troisième membre du groupe finalement. On a amené le son de l’église avec nous sur l’album.»

Les vitraux ont également servi d’inspiration pour le lettrage de la pochette. «On les a recyclés, comme on fait pour beaucoup d’autres choses!» ajoute la chanteuse et guitariste.

Le flamboyant duo est connu pour son amour de la culture vintage. Ainsi, partout où il passe, le couple sur scène comme dans la vie s’arrête obligatoirement dans les friperies, thrifts shops ou autres bazars, question de dénicher la perle rare.

«C’est un plaisir de s’habiller, de matcher ensemble, explique Étienne Barry. On est des tripeux. Partout où on va en tournée, on fait le tour des marchés aux puces, c’est quasiment maladif.»

Fait rare dans le paysage musical québécois, la paire cultive l’extravagance sur scène, dans ses vidéoclips et dans la vie de tous les jours, si on se fie à son habillement lors de notre rencontre, un mardi de février en pleine tempête de neige.

«Il faut de l’agrément dans la vie. Le sourire, la couleur, les textures, ça allume les gens, ça nous donne de la joie», explique Anna Frances, avec, justement, un immense sourire sur le visage.

C’est un plaisir d’avoir quelque chose d’unique, qui est juste à toi. Ç’a une valeur.»

Le groupe est aussi conscient de l’aspect écologique du vintage. Des convictions qu’évoque la chanson Everything of Beauty, qui décrit un monde sens dessus dessous, bouleversé par les changements climatiques.

«[Le vintage], c’est un peu rebelle, car tu t’extirpes de cette chaîne de consommation dans laquelle on est tous pris, soutient la jeune femme de 26 ans. C’est un acte que tu peux faire de ta propre volonté, sans que ça te fasse mal, sans que ça fasse mal à la Terre et à ton portefeuille.»

«C’est un peu punk. C’est nouveau que les gens ne réutilisent pas le textile. L’idée du vintage a toujours existé, parce que le textile avait une valeur, et la réutilisation était valorisée.»

Très vintage aussi est le choix du groupe de bâtir son public à l’ancienne, un concert à la fois.

«On est toujours allés chercher les gens un par un. Lentement, mais sûrement», illustre Étienne Barry.

«Et tout le monde doit recevoir le même show, insiste Anna Frances. Ça peut être difficile, parce qu’on est des êtres humains. On tombe malade, on a mal, il y a des choses qui se sont passées pendant la journée…»

«Mais une fois maquillé, ta guitare strapped in, t’as rien d’autre à faire que de tout donner pour faire plaisir à ces gens qui ont payé pour te voir. Pour une raison ou pour une autre on y arrive: l’adrénaline, l’amour de ce qu’on fait, l’abandon ou l’énergie du désespoir.»

Dans la langue de Marjo

Lighter Fluid compte deux chansons en français, les premières du groupe depuis Diable du printemps, version française de leur succès Springtime Devil.

«Il fallait que ce soit bon pour que ça nous représente et qu’on puisse le défendre», explique Anna Frances Meyer, une anglophone qui a étudié en partie en français.

«C’est aussi une petite offrande à nos fans francophones, qui sont nos fans les plus loyaux. On ne sait pas pourquoi, mais ça doit être parce que notre identité est fortement québécoise. J’aime que le français et l’anglais cohabitent dans nos shows. Parce que, pour moi, ç’a toujours été comme ça.»


Lighter Fluid

Disponible vendredi
Lancement le 26 mars au théâtre Fairmount

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